Apocalypse 21, 1-12+22-27

Présence du Temple de Dieu

durant l’histoire terrestre et dans l’éternité de Dieu

Père Yves Congar

Le mystère du Temple, p. 241s

 

          Qu’est-ce qui se passe sur la terre ? L’Apocalypse nous présente une vue de l’histoire terrestre toute dominée par la réalité céleste, et aussi d’image d’une Eglise encore sur la terre, toute déterminée par la vertu de Celui qui est au ciel et qui nous est désigné finalement comme son époux. C’est parce que le Christ, ayant vaincu, a pris place auprès de son Père sur le trône de celui-ci que les fidèles sont à la fois des rois régnant avec le Christ et des prêtres accédant avec lui jusqu’à la Présence de Dieu. L’Eglise de l’Apocalypse est une communauté de rois et des prêtres, c’est-à-dire de fidèles participants de la dignité et de l’activité du Christ comme roi et comme prêtre. Rois, ils sont associés au Règne de Dieu et à ses luttes dans l’histoire, et ils le seront à son règne eschatologique. Prêtres, ils participent au culte d’action de grâces et à la louange que les élus rendent à Dieu dans le ciel, mais qui commencent dans l’Eglise de la terre ; ils se livrent à cette œuvre de purification que Dieu veut accomplir en eux (il nous a lavés de nos péchés par son sang) ; ils font retentir l’Amen qui représente la substance la plus profonde du culte et du sacrifice, en même temps que la conclusion de toute doxologie ou bénédiction.

          L’Eglise terrestre elle-même a quelque part aux décrets de la Providence. Il semble bien que l’invitation à faire les vendanges et la moisson vienne de deux anges qui sortent du temple terrestre de Dieu, c’est-à-dire l’Eglise, où le temple apparaît distinct de celui du ciel : ce sont des anges venus du ciel qui moissonnent et vendangent, mais ils sont invités à le faire par des anges préposés à l’Eglise, temple terrestre de Dieu. Serions-nous fondés à voir des anges suivre les progrès de l’Eglise, c’est-à-dire de la croissance du corps ou de l’édification du temple, et faire connaître aux anges du service céleste de Dieu que la moisson de la terre est mûre, et murs les raisins de la terre ? Un tel thème ne semble pas étranger à la perspective de l’Apocalypse, dans laquelle également l’Esprit et l’Epouse disent : Viens ! La prière de l’Eglise cherche à hâter l’eschatologie ; les sacrements désirent s’abîmer dans leur vérité, le temple du temps dans celui de l’éternité.