Osée 2,16-25 ou 1 Corinthiens 7,25-40

Les débuts de l’organisation monastique féminine

Sous la direction de Daniel-Odon Hurel

Les Bénédictins, p. 479s

 

          Reprenant le temps à rebours, on peut estimer que « le monachisme féminin justifié par les Pères de l’Eglise du IVème siècle, et notamment pas saint Jérôme, ne peut perdurer que si une règle de vie est élaborée par lesdites moniales. La réalité n’est pas évidente. Faut-il leur imposer les modèles masculins, alors existants, ou bien admettre la spécificité d’une règle féminine, au même titre que l’on vient de reconnaître leur vocation ? Le débat est ancien et non pour autant rapidement clos ». L’on songe évidemment à l’évocation de sainte Scolastique, sœur de saint Benoît, dans les Dialogues de saint Grégoire le Grand, et avant lui, à Marie, sœur de saint Pacôme, ou la sœur ainée de saint Ambroise, sainte Marcelline à Rome. L’on songe à ces monastères doubles qui, sous l’influence dite colombanienne, existèrent en Europe  au VIIème siècle jusqu’à leur désapprobation expresse par le concile de Nicée II en 787.

          C’est avec la Règle pour les vierges, de saint Césaire d’Arles compilant notamment Cassien, saint Augustin et saint Pacôme que se développe de façon normative, du moins en Occident, la vie de femmes désirant se retirer du monde pour chercher Dieu. Avec beaucoup de finesse, cette Règle, solennellement approuvée le 22 juin 534, organise la vie du monastère, son administration par une abbesse élue par la communauté, et garantissant même une certaine autonomie par rapport à l’évêque diocésain qui ne pourrait pas changer le texte de la Règle, notamment sur le point très strict, pour saint Césaire, de la clôture. Il va sans dire que cette Règle eut un grand succès et fut adoptée telle quelle par bien des monastères féminins, comme Sainte Croix de Poitiers dès 552. Elle inspira aussi d’autres règles destinées aux moniales comme celle de saint Walbert, disciple de saint Colomban, ou celle de saint Donat de Besançon, qui la rédige vers 655 pour l’abbesse Gauthsrude, en reprenant, outres des passages de saint Césaire, des citations de saint Benoît de Nursie et de saint Colomban.