1 Corinthiens 4, 1-21

« Dieu seul compte »

Origène

Homélie XXIII sur le livre des Nombres, SC 29, p. 435s et SC 461, p. 109s

 

          Personne n’offre du sien à Dieu, mais ce qu’on offre appartient au Seigneur, et ce n’est pas tant une offrande que l’on fait que la restitution au Seigneur de ce qui lui appartient. C’est pourquoi le Seigneur, voulant promulguer les lois concernant les sacrifices et l’offrande des dons que les hommes doivent lui faire, commence par faire connaître la nature de toutes ces offrandes ; il dit : Mes présents, mes dons, mes sacrifices en odeur agréable, ces biens que je vais vous prescrire de m’offrir lors de mes fêtes, ce sont des dons qui vous sont donnés par moi. Le genre humain reçoit de moi tout ce qu’il possède. Que personne donc ne s’imagine procurer quelque chose à Dieu el lui faisant offrande de présents ! Et que celui-là, de ce fait, ne se comporte pas en impie dans l’acte même par lequel il paraissait honorer Dieu ! Quelle impiété ce serait, en effet, de penser que l’homme puisse donner quoi que ce soit à Dieu, comme si Dieu en avait besoin ! Dieu, donc, commence par enseigner l’homme : il lui apprend qu’il rend à Dieu plutôt qu’il ne lui offre.

          Mais voyons pourquoi Dieu dit : « Présentez-les moi en mes jours de fête ». Dieu a donc ses jours de fête ? – Il les a, et sa grande festivité, c’est le salut de l’humanité. Chaque fois qu’un homme se tourne vers Dieu chaque fois qu’un homme progresse dans la foi, ne crois-tu pas qu’il y a là occasion de fête pour le Seigneur ? Quelle joie n’éprouve-t-il pas, dis-moi, quand l’impudique devient, chaste, quand l’injuste se met à pratiquer la justice, quand l’impie devient un fidèle ? Toutes ces conversions individuelles deviennent pour Dieu jour de fête et jour de joie. Et il ne fait pas de doute que notre Seigneur Jésus-Christ, lui qui a répandu son sang pour notre salut, ne se réjouisse en une très grande fête lorsqu’il voit que ce ne fût pas en vain qu’il s’est humilié, qu’il a pris la forme d’esclave, qu’il est devenu obéissant jusqu’à la mort, et la mort sur la croix. Et le Saint-Esprit se met aussi en fête quand il voit se multiplier pour lui, en ceux qui se convertissent à Dieu, des temples qui Lui sont préparés.