1 Corinthiens 3, 1-23

« C’est du lait que je vous ai fait boire »

Saint Augustin

Les Confessions, Livre VII, 18,23-24, DDB, tome 18, p. 629s

 

          Alors, j’ai vu que ce qu’il y a d’invisible en toi est rendu intelligible à travers ce qui a été créé ; mais je n’ai pas eu assez de force pour fixer mon regard, et, quand ma faiblesse refoulée m’eut rendu à mes vues ordinaires, je ne portais en moi qu’un souvenir aimant qui faisait désirer un mets, dont j’avais comme perçu l’arôme et que je ne pouvais pas encore manger.

 

          Et je cherchais la voie pour acquérir la vigueur qui me rendrait capable de vivre de toi. Je ne trouvais pas, tant que je n’avais pas embrassé le Médiateur entre Dieu et les hommes, l’Homme Jésus-Christ, qui est au-dessus de tout, Dieu béni à jamais. Il appelle et il dit : Je suis la Voie, la Vérité, et la Vie. La nourriture que, par faiblesse, je ne pouvais pas prendre, il la mélange à la chair, puisque le Verbe s’est fait chair, afin que pour notre enfance, la sagesse devînt du lait, elle par qui tu as créé toutes choses.

 

          C’est que je n’étais pas, pour posséder mon Dieu, l’humble Jésus, assez humble, et je ne savais pas quel enseignement donne sa faiblesse. Car ton Verbe, l’éternelle Vérité, dominant de loin les parties supérieures de ta création, élève, jusqu’à lui ceux qui lui sont soumis ; mais dans les parties inférieures, il s’est bâti une humble demeure de notre limon, afin que, par elle, de détacher d’eux-mêmes ceux qu’il doit soumettre et de les faire passer jusqu’à lui, en guérissant leur enflure et nourrissant leur amour. Tout cela, pour que la confiance en eux-mêmes ne les fasse pas s’écarter davantage, mais que plutôt ils deviennent faibles, en voyant à leurs pieds la divinité affaiblie qui prend en partage notre tunique de peau, et que, harassés, ils se prosternent devant elle, tandis qu’elle, se dressant, les relèvera.