Luc 2, 22-40

Le sacrifice du matin : une vie librement offerte

Saint Bernard

Troisième sermon pour la purification de la Vierge Marie,  SC 481, p. 281s

 

          Offre ton fils, Vierge sainte, et présente au Seigneur le fruit béni des tes entrailles. Offre pour notre réconciliation à tous le sacrifice saint, le sacrifice qui plaît à Dieu. Dieu le Père accueillera pleinement cette offrande nouvelle, ce très précieux sacrifice dont lui-même dit : Voici mon Fils bien-aimé, en lui j’ai mis toute ma faveur.

         

          Mais cette offrande-ci, frères, paraît bien facile : on se contente de la présenter au Seigneur, de la racheter avec des oiseaux, et aussitôt on la remporte. Viendra le jour où ce n’est plus dans le Temple, ni entre les bras de Siméon qu’il sera offert, mais en dehors de la ville, et entre les bras de la croix. Viendra le jour où il ne sera plus racheté par du sang étranger, mais où lui-même rachètera les autres par son propre sang,  car Dieu le Père l’a envoyé comme rédemption pour son peuple. Ce sera alors le sacrifice du soir, tandis que maintenant c’est le sacrifice du matin. Celui-ci est certes plus joyeux, mais l’autre sera plus plénier : le premier est offert au temps de la naissance, le second le sera dans la plénitude de l’âge. A l’un comme à l’autre pourtant peut s’applique cette prédiction du prophète : Il a été offert parce que lui-même l’a voulu. En effet, s’il a été offert maintenant, ce n’est pas qu’il en avait besoin, ni parce que la Loi le lui imposait, mais parce que lui-même l’a voulu. Et si de même il a été offert sur la croix, ce n’est pas parce que le Juif était le plus fort, ni parce que lui-même le méritait, mais parce que lui-même l’a voulu.

         

          Mais qu’allons-nous offrir, nous, mes frères, et que rendrons-nous au Seigneur pour tout ce qu’il nous a donné ? Lui, il a offert pour nous la plus précieuse victime qu’il possédait ; en vérité, il ne pouvait en être de plus précieuse. Nous aussi donc, faisons ce que nous pouvons : offrons-lui ce que nous avons de meilleur : nous-mêmes ! Lui s’est offert lui-même, qui es-tu, toi, pour hésiter à t’offrir toi-même ?