1 Corinthiens 1, 18-31

La seule sainteté, celle du Christ

Saint Nicolas Cabasilas

La vie en Christ, IV, 78-80, SC 355, p. 331s

 

          Le Christ rend saints et justes ceux qui lui sont attachés, non seulement en les éduquant, en leur enseignant ce qu’il faut, en exerçant leur âme à la vertu, en conduisant vers l’acte la droite disposition qu’elle possède en puissance, mais aussi en devenant lui-même pour eux justice et sainteté de par Dieu. En effet, c’est principalement de cette façon que les saints obtiennent justement d’être bienheureux et saints, à cause du bienheureux qui leur est uni, lui grâce à qui, en effet, d’insensés, ils sont devenus sages, d’esclaves impurs et mauvais, ils sont établis saints, justes et fils de Dieu. De leur propre part, de la nature humaine et de la ferveur humaine qui devraient normalement leur valoir ces appellations, ils n’ont rien ; mais ils sont saints à cause du saint, justes et sages à cause du juste et du sage qui leur est uni ; bref, si quelqu’un parmi les hommes est vraiment digne de s’entendre décerner ces titres grands et saints, c’est de là qu’il en tient les noms ; surtout, ce qui vient d’eux et de leurs efforts est si loin de les rendre justes et sages, qu’au contraire leur justice est malice, et leur sagesse pure folie. En outre, lors même que la vertu nous rendrait particulièrement nobles et nous servirait d’ornement, du fait que nous avons plus d’affinité avec la justice et la sagesse de Dieu qu’avec la justice humaine, même la justice qu’a mise en nous la ferveur, il vaut mieux l’appeler justice de Dieu que justice humaine.

           Voilà pourquoi nous sommes tous tenus non d’apporter les fruits de la sagesse humaine, ni de tenir bon jusqu’aux combats suprême du martyre, mais de vivre cette vie nouvelle qu’est la vie en Christ : voilà la justice dont nous avons tous à faire preuve. Si nous n’étions pas davantage apparentés à cette vie-là, elle ne serait pas requise de nous au plus haut point. Car si nous avons été ensevelis avec le Christ par le baptême, c’est afin de marcher dans une nouveauté de vie. A Timothée, Paul écrit : Conquiers la vie éternelle ; l’Ecriture dit aussi : Devenez saints comme le saint qui vous a appelés, et Soyez miséricordieux, non d’une miséricorde humaine, mais comme votre Père céleste est miséricordieux, et Aimez-vous les uns les autres, comme moi, je vous ai aimés. C’est avec cette tendresse que Paul aimait dans les entrailles de Jésus-Christ ; c’est pour cela aussi que le Sauveur lui-même, quand il commande à ses disciples de vivre en paix, leur infuse sa propre paix en disant : C’est ma paix que je vous donne.