Hébreux 1,1 – 2,4

Dieu nous a parlé par son Fils

Père Ceslas Spicq

L’épître aux Hébreux, p. 56s

 

          En une seule phrase, sans doute la plus parfaite du Nouveau Testament, l’auteur de la lettre aux Hébreux présente la personne et l’œuvre du Christ, Fils de Dieu incarné et glorieux, créateur, provident, révélateur, sauveur et souverain roi de l’humanité rachetée, objet de la foi et de l’espérance de la communauté chrétienne. Son excellence résulte des quatre contrastes : ancienne et nouvelle révélation, les Pères et nous, le Fils et les prophètes ainsi que les anges, enfin les temps jadis et ces derniers temps.

 

          Dieu, avec l’article, ho Théos en grec, et sans épithète, fait le lien entre les huit propositions de cette longue phrase ; Dieu donc parle tout au long de l’histoire, que ce soit à Israël ou aux chrétiens. Cette unicité du Révélateur qu’est Dieu souligne la continuité entre les deux Alliances, mais dans l’une et l’autre, le mode de révélation est bien différent. L’ancienne fut successive et fragmentaire, donc progressive et partielle, puis très variée dans sa forme. Le premier adverbe, à maintes reprises, polyméros en grec, évoque la multiplicité des communications divines aux hommes par des interprètes variés ; ce qui évoque à la fois leur richesse et leur caractère incomplet, la pédagogie divine ne découvrant pas d’emblée ses secrets. Le second adverbe, sous maintes formes, polytropos en grec, souligne les formes très diverses de la révélation ancienne : parole face à face, songe, vision, oracle, sorts, action divine dans la nature et l’histoire, par des anges, des hommes ou des animaux, prophétie, loi, parabole ou énigme.

 

          Au contraire, la révélation par le Fils est définitive et plénière, comme un achèvement parfait. On ne peut concevoir que Dieu se communique ultérieurement, plus clairement et plus totalement, une fois qu’il a parlé par son Fils : « Depuis que Dieu nous a parlé par son Fils, il n’a

plus rien à nous dire », commente saint Jean de la Croix.