Jean 4, 5-42

« Donne-moi de cette eau »

Saint Augustin

Sermon 15, sur l’évangile de Jean, OC 71, DDB, p. 775s

         

          Seigneur, tu n’as rien pour puiser et le puits est profond. Voyez, frères, comment cette femme samaritaine entend l’eau vive de l’eau qui était dans ce puits. Tu veux me donner de l’eau vive, mais c’est moi qui porte de quoi puiser, toi, tu n’as rien. Il y a ici de l’eau vive, comment pourras-tu m’en donner ? Bien qu’elle comprenne dans un autre sens et juge charnellement, elle frappe en quelque sorte pour que le Maître ouvre ce qui est fermé. Elle frappe par son ignorance et non par ses désirs, plus digne encore de compassion que d’instruction.

          Le Seigneur parla plus clairement de cette eau vive. La femme avait dit en effet : Es-tu plus grand que notre père Jacob, qui nous a donné ce puits et qui a bu lui-même de son eau, ainsi que ses fils et ses troupeaux ? De cette eau vive, tu ne peux pas me donner, puisque tu n’as rien pour puiser : peut-être est-ce l’eau d’une autre source que tu me promets ? Peux-tu être plus grand que notre père qui a creusé ce puits et qui, avec les siens, a fait usage de son eau ?

          Jésus lui répondit : Quiconque boira de cette eau aura encore soif ; mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif, l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant en vie éternelle. Comment dire plus clairement qu’il promettait, non une eau visible, mais une eau invisible ? Comment dire plus clairement que son langage n’était pas charnel, mais spirituel ?

          Jésus promettait une nourriture substantielle et le rassasiement dans l’Esprit Saint. Mais la femme ne comprenait pas encore, et, dans son incompréhension, que répondait-elle ? La femme lui dit : Seigneur, donne-moi de cette eau que je n’aie plus soif et que je ne vienne plus puiser ici. Le besoin l’obligeait à cette peine, et sa faiblesse repoussait la peine. Si seulement elle entendait : Venez à moi, vous tous qui peinez et qui êtes accablés, je referai vos forces. Car Jésus lui promettait ainsi la fin de sa peine, mais elle ne comprenait pas encore.