Hébreux 7, 1-11

Qui était Melchisédech ?

Saint Jean Chrysostome

Homélie XII sur l’épître aux Hébreux, OC 20, p. 241s

         

          L’auteur de la lettre aux Hébreux, après avoir déclaré que Jésus était le Fils en prescrivant de lui obéir, après avoir dit qu’il était le prêtre éternel selon l’ordre de Melchisédech, après avoir prodigué ses exhortations et les avoir réconfortés et remplis de confiance, entreprend la démonstration qu’ils auraient écoutée difficilement si, au lieu d’être fortifiés, ils avaient eu l’âme abattue. Ayant dissipé leur découragement par des paroles à la fois sévère et pleines de bonté, il arrive aux arguments. Et que dit-il ? Ce Melchisédech, roi de Salem, et prêtre du Dieu Très-Haut. Ce qu’il y a d’étonnant, c’est que, dans la figure même, il fait voir une grande différence, car il se sert de la figure pour arriver à la vérité, du passé pour affirmer le présent, à cause de la faiblesse de ses auditeurs. Ce Melchisédech, roi de Salem et prêtre du Dieu Très-Haut, qui vint au-devant d’Abraham, lorsqu’il retournait de la défaite des rois, et qui le bénit, auquel Abraham donné la dîme de tout ce qu’il avait pris.

          Après avoir sommairement exposé la narration, il l’envisage au point de vue mystique. En commençant par le nom Roi de Justice. En effet, Sedech signifie Justice, et Melchi, roi ; Melchisédech veut donc dire Roi de Justice. Voyez-vous le soin qu’il apporte à expliquer la dénomination ? Mais quel est ce roi de justice, sinon notre Seigneur Jésus-Christ ? Il le qualifie ensuite Roi de Salem, nom d’une ville, qui signifie roi de paix selon la dénomination de Salem, ce qui convient fort bien au Christ : n’est-ce pas le Christ qui nous rend justes et qui pacifie tout ce qu’il y a sur la terre et dans les cieux ? Y a-t-il d’autre roi de justice et de paix que notre Seigneur Jésus-Christ ?

          L’auteur établit alors une autre différence : Qui est sans père, sans mère, sans généalogie, dont la vie n’a ni commencement, ni fin, étant ainsi l’image du Fils de Dieu, demeure du prêtre pour toujours. Comme on opposait à ces paroles : Vous êtes le prêtre éternel selon l’ordre de Melchisédech, que ce dernier était mort et n’avait pas été toujours prêtre, voyez comment il l’envisage ? De ce qu’il ignore son père, sa mère, sa généalogie, s’en suit-il qu’il ne soit point mort ? Certes, l’Ecriture ne fait point mention de sa mort. Qu’est-ce à dire ? N’en va-t-il pas de même du Christ sur la terre, lui qui n’a ni commencement, ni fin ?