Jean 9, 1-41

L’aveugle-né

Psudo-Fulgence

Homélie africaine V°/VI° siècle, PdF 31, p. 87s

         

          Seul, l’aveugle ne pouvait voir le Christ, miroir du Père. Quelle était alors la fidélité de ce qu’avaient annoncé les prophètes : Les yeux des aveugles s’ouvriront, les oreilles des sourds entendront, le boiteux bondira comme le cerf, et la langue des muets se délira ? Les yeux de l’aveugle, le visage du mendiant sont comme enfermés dans un huis-clos où son visage s’enferme dans les ténèbres.

          Le Christ a ouvert cette prison, il a dessillé les yeux de l’aveugle qui a vu, dans le Christ, le miroir du Père. Merveilleux remède contre la nature ! Les yeux n’étaient pas simplement malades, mais ils manquaient. Il n’était pas devenu aveugle, il l’était de naissance.

          Le premier homme avait été créé lumineux ; il s’est trouvé aveugle quand il quitta le serpent ; il s’est mis à renaître, l’aveugle, quand il se mit à croire. Car son corps était infirme, et la nature corrompue. Il avait doublement besoin de lumière, lui qui n’avait pas rougi de sa nudité.

          L’aveugle était assis, couvert par la foule comme d’un vêtement, nu en raison de son extrême pauvreté, privé de la vue que donne la nature, il était assis, je le répète, sans réclamer à aucun médecin d’onguent pour guérir ses yeux. Une infirmité contraire à la nature humaine n’avait sans doute besoin d’aucun remède.

          L’artisan vient et reflète, dans le miroir, l’image. Il voit la misère de l’aveugle assis là qui demande l’aumône. Ô miracle de la force de Dieu ! Elle guérit ce qu’elle voit, elle illumine ce qu’elle visite.

          Les disciples de Jésus demande ensuite : Qui a péché, de cet homme ou de ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? Le Seigneur répondit : Ni lui, ni ses parents n’ont péché, mais il faut que la gloire de Dieu se manifeste en lui. Je dois travailler aux œuvres de mon Père.