Hébreux 11, 1-16

Silence de Joseph et Parole du Verbe

  1. M. T.

Saint Joseph, VS 74 (mars 1946), n° 305, p. 427s

         

          Le silence de Joseph prépare la Parole du Verbe. Jésus seul doit parler en nous, comme saint Paul le dit de lui-même : Vous cherchez une preuve que le Christ parle en moi (2 Corinthiens 13,3). Et comme saint Pierre le recommande aux chrétiens : Si quelqu’un parle, que ce soit comme prononçant les paroles de Dieu (1 Pierre 4,11).

          Pour que Jésus, en nous, parle, et que nous percevions sa voix, il faut que nous, en lui, nous nous taisions et nous nous tenions cachés. Les paroles de Jésus sont celles mêmes du Père : Les paroles que je vous dis, je ne les profère pas de moi-même. La parole que vous entendez n’est pas de moi, mais du Père qui m’a envoyé (Jean 14,10 et 24).

          Saint Joseph a reçu la grâce, la vocation, de ce silence de Jésus, et il en est le protecteur. Zacharie fut réduit au silence parce qu’il n’avait pas cru. Mais la plénitude de sa foi plongea Joseph dans un silence dont il ne put, ni ne voulut jamais sortir. L’adoration lui tint la bouche close, la langue liée.

          Quant à la Vierge Marie, lorsqu’elle parle, c’est la voix de Marie, mais c’est la parole de Jésus. Tout l’évangile n’est-il pas résumé dans le peu de mots qu’il nous rapporte d’elle ? Qui voit la Mère, voit le Fils, qui voit le Fils voit le Père ; qui entend la Mère entend le Fils et qui entend le Fils entend le Père.

          Joseph est le gardien et le protecteur de Jésus et de Marie, de la vie divine sur la terre : vie divine par nature, vie humaine divinisée par grâce.

          Notre Père céleste  a voulu qu’il en soit ainsi pour son Fils Bien-Aimé et Premier-Né, et ses dons sont sans repentance. Il a voulu que Jésus ait besoin de Joseph et de Marie. Il veut que Jésus en nous ait encore besoin d’eux, non d’un seul, mais de l’un et de l’autre, besoin de leur grâce et de leur exemple, afin qu’étant confiée à eux la vie divine en nous soit en sûreté, grandisse et se fortifie jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait à la mesure de la stature parfaite du Christ (Ephésiens 4,13).

          La meilleure préparation à la maternité spirituelle, qui est maternité divine, et sa meilleure protection, n’est-elle pas de se confier comme Jésus et Marie à saint Joseph, à sa grâce personnelle, à son silence d’adoration, d’obéissance, d’humilité, et à son cœur de Père ?