Genèse 28, 10-22

Règle et Vie de saint Benoît

Sous la direction de Daniel-Odon Hurel

Les Bénédictins, Introduction, p. 11s

         

          Règle et Vie de saint Benoît sont souvent lues et publiées ensemble, tant au Moyen-Age qu’aux siècles de l’imprimerie. Comme la Règle, la Vie connaît des traductions en langue vernaculaire, y compris au Moyen-Age. De même, l’iconographie s’empare de la vie de saint Benoît dont les épisodes permettent une exploitation efficace, comme en témoignent bien des gravures dans maints ouvrages. Tout comme le deuxième livre des Dialogues de Grégoire le Grand est le fruit d’une construction hagiographique et littéraire, la Règle elle-même est le fruit à la fois d’une longue expérience, d’une évolution personnelle et de la lecture d’autres expériences monastiques cénobitiques antérieures et contemporaines, orientales et occidentales. Jean Cassien, Basile de Césarée, Augustin et l’auteur de la Règle du Maître sont présents, comme l’ont montré les travaux critiques les plus récents. Ces travaux confirment ce que les recherches historiques sur les origines du monachisme occidental et ses premiers développements ont montré, c’est-à-dire l’inexistence d’un ordre de saint Benoît clairement défini et unifié, voulu par le fondateur du Mont Cassin. La diffusion de la Règle a permis, au fur et à mesure de l’histoire, la fondation de monastères indépendants, puis de familles aussi différentes que Cluny, Cîteaux, Camaldoli, Solesmes, La Pierre-qui-Vire, mais aussi de nombreuses tentatives et expériences, y compris missionnaires. C’est donc l’ensemble de ces lectures qui se rejoignent autour de la Règle et de son esprit, lequel définit le monde bénédictin depuis le VI°-VII° siècle. Par contre, il est vrai, que de véritables groupes monastiques bénédictins se sont constitués dans l’histoire, au-delà des frontières, mais aussi parfois régionaux et nationaux, s’inscrivant dans des réalités politiques, sociales et économiques autant que religieuses spécifiques et cherchant à se définir par rapport aux expériences préexistantes, défuntes ou toujours vivantes.