Jean 11, 1-45

La résurrection de Lazare

Saint Romanos le Mélode

Hymne XXVII, 6s, SC 114, p. 207s

 

               Marie et sa sœur, allant à la rencontre du Seigneur, lui disent : « Seigneur, où étais-tu ? Il s’en est allé celui pour qui tu avais tant d’affection ; déjà il n’est plus ». Avec elles, Jésus pleura. Il demanda : « Où est la tombe de mon ami, je vais maintenant le délivrer des chaînes de l’Enfer ? Car étant le seul ami des hommes, j’ai pris en pitié les larmes de Marie et de Marthe ».

                  Debout près du tombeau, celui qui est dans le sein de son Père qui l’a engendré s’écria : « Père, tu m’as envoyé dans le monde pour que je rende la vie aux morts. Je suis donc venu ici pour réveiller Lazare et montrer ainsi aux Juifs que je dois me relever de ma tombe le troisième jour, moi qui rends la vie à mon ami le quatrième jour, prenant en pitié les larmes de Marie et de Marthe ».

                  Son ordre, donné d’un signe de tête, ébranla l’Enfer, la puissance de la mort et l’arrogance du Diable, quand il appela le mort de quatre jour, l’éveillant de dessous la terre. En le voyant, Abraham et tous les justes s’écriaient : « Prenez courage à présent, car la résurrection de tous est là pour délivrer des liens de la mort celui qu’elle aime », prenant en pitié dans sa miséricorde les larmes de Marie et de Marthe ».

                  Lazare, qu’un instant plus tôt la mort retenait de ses chaînes, prisonnier de l’Enfer, s’en voit dépouillé. Sous l’assaut du roi des Anges, la force des démons s’est dissoute, et le Serpent qui rampe à terre sur le ventre, le poitrail transpercé maintenant par la lance de bois, est devenu pareil à un cadavre. Mais Adam se réjouit, voyant le Christ prendre en pitié, dans sa bonté, les larmes de Marie et de Marthe.

                  Sortant de la tombe, l’ami se montrait, aux yeux de tous, les mains bandées dans le suaire. Il est détaché par ceux qui ont le cœur bandé d’une haine dénigrante, qui se bouchent les oreilles comme des aspics, et préparent leurs bras pour le meurtre le plus injuste : répandre le sang innocent et juste de celui qui ressuscite les morts et met fin aux larmes de Marie et de Marthe.

                  Ayant dans les oreilles les paroles des enfants, paroles sorties d’un cœur pur et de lèvres innocentes, ils étaient remplis de troubles, disant tous à la fois : « Qui est cet homme ? » Ô folie, ô totale inintelligence ! Ils viennent de voir ressusciter celui qui n’était qu’un cadavre fétide parmi les autres, et ils ne savent pas qui l’a réveillé, qui a brisé par sa voix la puissance de l’Enfer, et qui, par sa naturelle miséricorde, a mis fin aux larmes de Marie et de Marthe.