Hébreux 11, 1-19

La promesse ne pouvait pas être vaine

Tertullien

De la patience VI, 1-2, Œuvres Complètes, p. 522s

 

          Abraham crut à la parole de Dieu, et sa foi lui fut imputée à justice. La patience qui habita Abraham fut exemplaire. Une telle patience est ce qui suit et précède la foi. Aussi Abraham a cru à Dieu et il fut tenu pour juste. Mais quand il reçut l’ordre d’immoler son fils, sa patience a éprouvé sa foi ; je ne dirai pas pour une tentation de sa foi, mais pour un combat symbolique. Dieu connaissait celui qu’il tenait pour juste ; il accueillit avec patience l’ordre sévère qu’il ne plaisait pas au Seigneur de voir accomplir, et il l’aurait accompli si Dieu avait voulu. Béni en vérité parce que fidèle, fidèle parce que patient.

          Ainsi, lorsque la foi, rehaussé par la patience, était semée parmi les nations par la semence d’Abraham, qui est Jésus-Christ, et ajoutait la grâce à la loi, elle mit la patience, son auxiliaire, à la tête de la loi pour en être le sceau et la consommation, d’autant plus que seule elle avait manqué autrefois à la doctrine de la justice. En effet, que disait-on anciennement ? Œil pour œil, dent pour dent : on rendait le mal pour le mal. La patience n’était pas encore descendue sur terre, non plus que la foi : l’impatience, en attendant, profitait des bénéfices de la loi. Cela était naturel dans l’absence de l’auteur et du maître de la patience. A son arrivée, tout change. La grâce de la foi est réglée sur la patience, il n’est plus permis d’outrager son frère en paroles, ni même de lui dire : insensé, sans s’exposer à la condamnation. La colère du cœur est étouffée au fond de lui-même, la vivacité de la main est arrêtée, le venin de la langue est ôté. La loi a plus gagné qu’elle n’a perdu depuis que le Christ a dit : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous persécutent, afin que vous soyez les fils de votre Père céleste. Tu vois quel père nous acquérons par la patience. Toute la loi de la patience est renfermée dans ce commandement principal, puisqu’il n’est pas permis de faire mal, même pour les raisons en apparence les plus légitimes.