Hébreux 11, 20-31

De Moïse à Rahab

Père Paul-Dominique Dognin

Une lecture de la lettre aux Hébreux, p. 112s

 

          Une note de la Traduction Œcuménique de la Bible, à propos du verset 26 que nous venons d’entendre, met bien en lumière ce qu’il y a de plus remarquable dans les sept versets consacrés à Moïse (versets 23-29) : « Il faut attendre les exemples de la vie de Moïse pour trouver la première mention du Christ. La présence du Christ est sous-entendue dans tout ce chapitre, depuis le sacrifice d’Abel, la montée au ciel d’Hénoch, le salut de Noé, la naissance miraculeuse d’Isaac, sa vie retrouvée par une sorte de résurrection et la transmission des promesses. Moïse était tout désigné pour donner l’occasion d’un rappel explicite, car il était le libérateur et le médiateur du peuple de Dieu, et c’est en subissant les souffrances et les épreuves attachées au rôle de pionnier du salut, de libérateur, qu’il a pris sur lui l’humiliation du Christ. Reniant son adoption humaine et les avantages qui en résultaient, Moïse préféra l’adoption divine. »

          On peut également souligner que Moïse avait les yeux fixés sur la récompense déjà évoquée (10,35) ; et s’il tint ferme comme s’il voyait l’invisible, c’est parce que sa foi comportait la certitude d’événements qu’on ne voit pas, événements tous en rapport, plus ou moins proches, avec la venue du Christ.

          Dans le cas des murs de Jéricho, et dans celui de Rahab, il est évident que le résultat auquel on parvient n’est l’œuvre de la foi qu’en tant que mérité par cette foi.

          Si on reprend l’ensemble de ce long éloge de la foi des Pères, lu par petits tableaux, on découvre une structure en trois parties. Une première partie s’achève par l’évocation d’Abraham et la naissance d’Isaac, tandis que la troisième s’ouvre par l’évocation des mêmes personnages, mais à l’occasion du sacrifice du Mont-Moriah et du recouvrement miraculeux, une quasirésurrection, d’Isaac. Dans la deuxième partie, le milieu de l’éloge, l’auteur évoque la condition d’étrangers des Pères sur cette terre, et la patrie ou ville que Dieu leur a préparée. De plus les deux parties externes, d’Abel à Abraham, et d’Abraham à Jéricho, s’achèvent par l’éloge exceptionnel de la foi de deux femmes : la matriarche Sara et la païenne Rahab.