Hébreux 12, 1-13

L’exemple de Jésus-Christ et l’éducation paternelle de Dieu

Père Ceslas Spicq

L’épître aux Hébreux, p. 199s

 

          La lecture entendue dégage la leçon de la persévérance dans la foi contenue implicitement dans le chapitre précédent : si, dans l’Ancienne Alliance, les croyants ont lutté, souffert, espéré, à notre tour nous sommes dans l’arène, et nous devons combattre avec le même courage. Mieux encore, les chrétiens ont, sous leurs yeux, la patience et le courage de leur Seigneur crucifié et humilié, puis ressuscité et glorieux : contemplation apte à vaincre toutes les inerties ! La vie chrétienne est ici assimilée à une épreuve sportive, une gigantesque course de relais, exigeant la plus grande endurance ; le secret de la victoire est de mimer le Christ, comme un athlète son entraîneur, de ne pas le quitter des yeux. Il nous introduira au ciel.

          Les chrétiens semblent déjà épuisés, alors qu’ils n’ont pas subi les assauts les plus violents. Ils ressemblent à des athlètes qui, après avoir parcouru le stade et près de toucher le but, s’arrêtent à bout de souffle et détendent leurs membres fatigués, au lieu de saisir, par une suprême énergie, la couronne que le juge leur présente. D’où le nouveau motif d’encouragement : le sens providentiel de la souffrance, témoignage de l’amour paternel de Dieu : il faut accepter une éducation sévère dont on recueillera les fruits savoureux et permanents. Cette argumentation heurtera la psychologie moderne, mais il n’est pas dit qu’elle soit fausse. Il y a vingt siècles, en Orient, la pédagogie familiale comportait la correction morale en fonction de châtiments corporels, et même de meurtrissures sanglantes. Après que tu eus frappé mon dos, ton enseignement entra dans mon oreille, écrit Philon d’Alexandrie. C’est ainsi qu’à l’époque l’on faisait acquérir la sagesse ! Il en allait de même dans la communauté de Qumrân : celui qui avait « commis une inadvertance sera puni deux années ; quant à celui qui aura agi délibérément, il sera exclus définitivement ».