Deutéronome 26, 1-19

Les prémices

Père Paul van Imschoot

Théologie de l’Ancien Testament, tome II, p. 138s

 

          Les prémices, c’est-à-dire les premiers produits des hommes, des troupeaux et des champs, sont considérés comme les meilleurs, et, dans l’esprit des anciens, représentent la totalité. D’après Exode 34,19, tout ce qui ouvre le sein, donc tout premier né des hommes et des troupeaux, appartient à Dieu, et, par suite, est interdit à l’homme : il doit être sacrifié, s’il est un animal pur, chèvre, bœuf, brebis, ou racheté, par un agneau ou supprimé s’il est impur. Le premier-né de l’homme sera racheté. La déclaration d’appartenance à Dieu de tous les premiers-nés et l’obligation de rachat de ceux qui ne sont pas sacrifiés indiquent que les premiers-nés sont censés posséder une sainteté intrinsèque qui les soustrait à l’usage de l’homme.

          Il en est de même des fruits des arbres fruitiers : pendant les trois premières années, ils sont interdits à l’homme parce qu’ils sont incirconcis pour l’Israélite, c’est-à-dire impurs ; comme tels, ils ne sont pas non plus offerts à Dieu. C’est seulement la quatrième année qu’ils sont consacrés à Dieu, et la cinquième qu’ils peuvent être mangés, et cela afin d’augmenter pour vous la production.

          La consécration des prémices des arbres lève l’interdit destiné à en assurer la production ultérieure. L’interdit étant levé par l’offrande à Dieu des premiers-nés des troupeaux et des premiers fruits, l’homme peut faire usage de ces produits, sans en compromettre la multiplication.

          Le rituel deutéronomique, du chapitre que nous sommes en train de lire, ordonne d’apporter au sanctuaire central quelque chose des prémices de tous les produits et de les transmettre au prêtre qui les déposera sur l’autel divin. Le texte ne dit pas clairement que les prémices servent à un banquet sacré ; comme un chapitre précédent ordonne de donner aux prêtres-lévites les prémices, on pourrait en déduire qu’il s’agit d’une offrande à Dieu au profit des prêtres-lévites ; par la prière qui l’accompagne, cette offrande prend le sens d’une action de grâces.