Deutéronome 29, 1-5+9-28

Le mystère de l’Alliance de Dieu

Père Pierre Grelot

Sens chrétien de l’Ancien Testament, p. 137s

 

          Pour définir la nature du lien qui existe entre Dieu et son peuple, l’Ancien Testament emploie un mot que l’on peut traduire testament. Ce terme désigne essentiellement une disposition juridique, qui a pour prototype les traités de vassalité dont l’ancien Orient nous fournit d’assez nombreux exemples. Il faut garder présent à l’esprit cet arrière-plan quand on emploie le mot alliance. En effet, l’alliance en question n’est pas un contrat ou un pacte qui laisserait deux partenaires sur pied d’égalité. Dieu impose des clauses, et il exige de son peuple qu’il observe l’alliance ; quant à lui, il ne s’engage que par promesse. Si l’on dit parfois qu’il conclut alliance, on dit aussi qu’il l’établit ou qu’il l’accorde, car c’est de lui que vient l’initiative d’entrer en alliance avec la communauté humaine dont il veut faire son peuple.

          L’élection d’Israël trouve sa consécration historique quand l’alliance se conclut ; non seulement l’alliance sinaïtique, mais déjà l’alliance patriarcale qui anticipe les résultats puisqu’au-delà d’Abraham, elle concerne sa postérité. Alors, selon la formule traditionnelle qui traduit bien l’étroitesse des rapports établis entre Dieu et une communauté humaine, Yahveh devient le Dieu d’Israël, et Israël le peuple de Yahveh. Les titres donnés à Israël expriment de façons diverses la nature du lien qui désormais l’attache à Dieu. Il est sa propriété, son bien sacré, son héritage. A ces notions d’allure juridique, des images empruntés à d’autres ordres d’expérience viennent ajouter une note affective, qui montre dans l’alliance bien autre chose qu’un simple contrat : Dieu est le Pasteur, et Israël le troupeau ; Dieu est le Vigneron, et Israël la vigne ; Dieu est le Père, et Israël l’enfant premier-né ; Dieu est l’Epoux, et Israël l’épouse. Toutes ces formules définissent une fois pour toutes une structure essentielle du dessein de salut. La preuve, c’est que le Nouveau Testament n’aura qu’à les reprendre pour définir l’œuvre de Jésus.