Hébreux 9, 1-10

Des rites anciens au sacrifice du Christ

Père Pierre Grelot

Une lecture de l’épître aux Hébreux, p. 77s

         

          L’auteur de cette lettre s’abstient de décrire en détail les gestes cultuels des prêtres. Seul lui importe le rite accompli par le grand prêtre, une fois par an, lors de la fête des pardons. Il le relève parce qu’il concerne la rémission des péchés. Le mot péché n’est pas mentionné, et le mot employé désigne la faute commise par ignorance, sans le savoir. Ce dont il fallait obtenir le pardon, ce n’était pas seulement les péchés volontaires, mais ceux qu’on aurait commis par ignorance de la règle qui les interdisait. La mention du sang des victimes a ici son importance, car elle prépare la présentation de l’acte sacerdotal du Christ qui offrira son propre sang.

          L’essentiel est la conclusion. A la Tente, dont parle le livre de l’Exode, l’auteur oppose le Sanctuaire où le Christ est entré par sa montée au ciel. L’entrée du grand prêtre dans la Tente était rare : une seule fois par an. Ce fait, ordonné par des règles liturgiques inscrites dans les livres saints, nous signifiait ainsi, qu’au temps de la première alliance, la voie du Sanctuaire n’était pas encore ouverte, car la première Tente n’en était que l’ombre. C’était une parabole pour le temps actuel, celui du Temple de Jérusalem où se déroule un rite qui n’est encore que figuratif. L’adorateur qui y offre des dons et des sacrifices n’obtient pas d’être rendu parfait en ce qui concerne sa conscience. Les règles cultuelles en matière d’aliments, de boissons, d’ablutions, ne sont que des règles pour la chair. On ne saurait être plus net en matière de critique adressée aux coutumes juives ! L’auteur pourrait se réclamer ici de certaines paroles de Jésus lui-même. Mais il se contente de voir là des règles provisoires imposées jusqu’au temps de la réforme.

          Ce mot, réforme, qui désigne l’entrée dans un nouvel ordre des choses, est attesté depuis les classiques jusqu’à Flavius Josèphe, mais il est unique dans le Nouveau Testament.