Hébreux 10, 1-10

Inefficacité des sacrifices anciens

Saint Jean Chrysostome

Homélie XVIII sur l’épître aux Hébreux, OC 20, p. 302s

         

          L’auteur de cette lettre montre maintenant l’inutilité des sacrifices pour consommer la pureté, et, dans leur imperfection, nous les fait voir seulement comme des figures. Il se demande alors pourquoi, n’étant que des figures, ils n’avaient point cessé à la venue du Seigneur ; il répond à cette objection que les sacrifices, même s’ils sont encore offerts, n’ont plus aucune valeur, car Dieu ne les agrée plus.

          Le Seigneur en venant dans le monde déclare à son Père : Tu n’as voulu ni sacrifice, ni oblation. Et il ajoute : Me voici. Il ne reproche rien à ceux qui offraient les sacrifices, mais pour lui et pour Dieu son Père ces sacrifices étaient déjà condamnés, leur impuissance et leur importunité étaient démontrées. Dieu n’en veut plus.

          Que veut dire : Je viens pour faire ta volonté ? Je viens pour me livrer car telle est la volonté de Dieu. Et c’est cette volonté qui sanctifie. Cela signifie bien que les hommes ne se sanctifient pas par les sacrifices, mais bien par la volonté de Dieu qui n’admet plus ce culte. Pourquoi s’en étonner quand, dès le commencement, Dieu n’en voulait pas ; Dieu n’a-t-il pas dit par le prophète Isaïe (1,12-13) : Qui vous a invités à fouler mes parvis ? Cessez de m’apporter des offrandes inutiles. Pourquoi alors Dieu les a-t-il lui-même prescrit ? Par condescendance.

          Et l’auteur de cette lettre d’expliquer comment les humains ont été sanctifiés par l’oblation du corps de Jésus-Christ, oblation qui a été faite une seule fois, alors que les prêtres, dans le temple, se présentent tous les jours devant Dieu, sacrifiant et offrant plusieurs fois les mêmes hosties !

          Or se tenir en la présence de Dieu est le signe que l’on est son ministre, s’asseoir auprès de lui prouve qu’on reçoit comme lui le sacrifice : Celui-ci, ayant offert une seule hostie pour les péchés, est assis pour toujours à la droite de Dieu où il attend ce qui reste à accomplir : que ses ennemis soient réduits à lui servir de marchepied. En effet, par une seule oblation il a rendu parfaits pour toujours ceux qu’il a sanctifiés.