Matthieu 28, 16-20

Descente et montée : puissance et sagesse

Saint Bernard

Sermon 60 pour l’Ascension du Seigneur, SC 518, 399s

 

           Tout en demeurant ce qu’il était par sa propre nature, le Seigneur Jésus est pour nous descendu, et monté dans la nôtre. Car il est descendu jusqu’à ne pouvoir aller plus bas ; il est monté si haut qu’il ne convenait pas d’aller plus haut. Dans cette descente, il a déployé sa force, car il était puissance ; il a disposé la montée dans la douceur, car il était sagesse. Il est descendu, dit l’évangéliste, et non pas : Il est tombé, car celui qui tombe est précipité d’un coup, tandis que celui qui descend le fait pas à pas, par des degrés.

          Mais il y a des degrés dans la descente, comme dans la monté. Dans la descente, le premier degré consistait à passer du haut du ciel jusque dans la chair, le deuxième jusqu’à la croix, le troisième jusqu’à la mort. Voilà jusqu’où il est descendu ! Pouvait-il faire davantage ? Notre Roi pouvait alors dire, sans nul doute, et clamer comme par l’effet même de sa démarche : Qu’aurais-je encore dû faire que je n’aie fait ? Il n’est pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis.

          Voilà pour ce qui est de la descente. Voyons ce qui concerne la montée. Elle aussi comporte trois étapes ; le premier degré fut la gloire de la résurrection, le deuxième le pouvoir du jugement, et le troisième la place à la droite du Père.

          Par la mort, il a mérité de ressusciter, par la croix le pouvoir de juger. En celle-ci, il a subi une injuste sentence, de sorte qu’il obtint, par elle, le discernement permettant de porter un juste jugement. Il dit lui-même, après sa résurrection : Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Quant à la condition même de serviteur, il l’a élevée plus haut que tous les cieux et que tous les chœurs des anges, jusqu’à la droite du Père. Voici que la mort est engloutie dans la victoire, la honte de la croix se change en gloire, l’humilité même de la chair passe de ce monde au Père. Il n’y a rien de plus sublime dans tout ce qu’on peut dire ou concevoir, que cette ascension, rien de plus glorieux que cet honneur.

          Et c’est ainsi que, par le mystère de son Incarnation, le Seigneur est descendu et monté nous laissant un exemple pour que nous suivions ses traces.