Exode 24,1-11 ou 1 Corinthiens 11,18-34

Intention eschatologique de l’Eucharistie

Père Marie-Emile Boismard

Lumière et Vie, 31, février 1957, p. 102s

 

          Cette idée que le banquet eucharistique est une préparation au banquet céleste est beaucoup plus fortement soulignée dans les évangiles synoptiques que dans saint Paul. Elle n’est toutefois pas étrangère à l’apôtre. Après avoir rappelé l’institution de la Cène par le Christ, il ajoute en effet : Chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez à cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il revienne. Cette dernière précision, saint Paul ne l’a pas ajoutée simplement par soucis de précision chronologique ; il pense que la Cène que les chrétiens célèbrent actuellement est immédiatement ordonnée au retour du Christ, elle prépare sa parousie. Comment ? Saint Paul ne le dit pas. Il nous est permis cependant de compléter sa pensée en utilisant sa propre théologie.

          Si saint Paul a fortement souligné l’aspect sacrificiel de la Cène, il ne peut oublier cependant que le corps du Christ, présent sur la table eucharistique, c’est en fait le corps du Christ ressuscité, son corps glorieux, c’est-à-dire tout pénétré de la puissance de l’Esprit et transformé par elle. De même il affirme que les chrétiens ne forment qu’un seul corps parce qu’ils participent au pain unique qui est le corps physique du Christ. Mais n’oublions pas que ce corps du Christ autour duquel se forme peu à peu un corps mystique, c’est son corps transformé par la gloire de l’Esprit ; en buvant le corps du Christ, les chrétiens ne forment qu’un seul corps parce qu’ils sont abreuvés par un seul et même Esprit.

          Si Jésus doit revenir, un jour, c’est avec son corps transfiguré par la gloire, et pour transformer nos propres corps à la ressemblance du sien, sous la puissance de l’Esprit. Il existe donc bien un lien intime entre l’Eucharistie et le retour du Christ. L’Eucharistie, c’est le corps glorieux du Christ, par lequel le fidèle entre en communion avec Dieu et avec son Esprit vivifiant. Lors de son retour, le Christ achèvera l’œuvre commencée en communiquant pleinement l’Esprit, principe de renouvellement eschatologique du monde et de nos corps.