Jean 6, 51-58

Le pain de vie

Ysabel de Andia

La voie et le voyageur, p. 569s

 

          Jésus, source de l’eau vive, est aussi le pain de vie. Jacob a creusé le puits, mais c’est Jésus qui donne l’eau vive. Dieu a donné à Moïse la manne, mais c’est Jésus le vrai pain de vie : Non, ce n’est pas Moïse qui vous a donné le pain qui vient du ciel, mais c’est mon Père qui vous le donne, le vrai pain du ciel.

          Dans le discours, dans la synagogue de Capharnaüm, après la multiplication des pains et la tempête apaisée, Jésus passe du signe de la manne ou de la multiplication des pains à la réalité : Je suis le pain de vie. Mais cette réalité n’est accessible que par la foi, et elle dépend de la volonté du Père qui est de donner la vie éternelle à celui qui croit en son Fils. Aux murmures des Juifs, semblables aux murmures des Hébreux dans le désert, Jésus répond en proclamant : Je suis le pain de vie, je suis le pain vivant descendu du ciel. C’est donc l’origine céleste du Christ, venant du Père et donné par le Père en nourriture, qui fait du Christ une nourriture pour la vie éternelle. L’eucharistie est référée au Père qui est à l’origine de tout don. Elle suppose l’incarnation du Verbe fait « chair », et le sacrifice de la croix, et ouvre sur l’attente eschatologique.

          Jésus ajoute : Ce pain que je donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde, provoquant le scandale des Juifs : Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? C’est alors que Jésus explicite le fruit de la manducation de son corps : Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui. De même que le Père qui est vivant m’a envoyé et que je vis par le Père, de même celui qui me mange, celui-là vivra par moi.

          L’immanence réciproque de Jésus en ses disciples est analogue à l’immanence de Jésus en son Père. L’eucharistie communique aux fidèles la vie que le Fils tient du Père. Le thème de la manducation eucharistique est lié indissolublement à la foi en Jésus, regardé tout ensemble comme la manne spirituelle des temps messianiques, et comme la Sagesse divine incarnée, dit André Feuillet. Jésus est donc le pain vivant comme Parole et comme victime offerte en sacrifice. Il est la Sagesse qui invite à son festin : Venez, mangez de mon pain, buvez du vin que j’ai préparé.