1 Corinthiens 16, 1-24

Saint Justin, le choix de la vérité

Pape Benoît XVI

Les Pères de l’Eglise de Clément de Rome à Maxime le Confesseur, p. 25s

 

          Les premiers chrétiens refusèrent courageusement tout compromis avec le paganisme ; ils le considéraient comme une idolâtrie, au prix d’en être taxés d’impiété et d’athéisme. Justin, en particulier, spécialement dans sa première Apologétique, développa une critique implacable à l’égard de la religion païenne et de ses mythes, considérés par lui comme de diaboliques déviations hors du chemin de la vérité. La philosophie représentait au contraire le domaine privilégié de la rencontre entre le paganisme, le judaïsme et le christianisme, précisément sur le plan de la critique de la religion païenne et de ses mythes erronés. Notre philosophie : c’est ainsi que, de la manière la plus explicite, un autre apologiste, contemporain de Justin, l’évêque Méliton de Sarde, en vient à définir la nouvelle religion.

 

            De fait, la religion païenne ne pavait pas la voie au Logos, mais se cantonnait sur celle du mythe, même si ce dernier était reconnu par la philosophie grecque comme privé de consistance quant à la vérité. Pour cette raison, l’extinction de la religion païenne était inévitable : ce ne serait là qu’une conséquence logique de la séparation entre la vérité de l’être et de la religion, réduite qu’était celle-ci à un ensemble artificiel de cérémonies, de convention et de coutumes. Justin, et avec lui les autres apologistes, marquèrent fortement la prise de position de la foi chrétienne en faveur du Dieu des philosophes contre les faux dieux de la religion païenne. C’était faire le choix de la vérité de l’être contre le mythe de la coutume. Quelques décennies après Justin, Tertullien définit la même option des chrétiens en une phrase lapidaire qui a gardé toute sa valeur : Le Christ a affirmé lui-même être la vérité, non pas la coutume. On notera à ce propos que le mot qu’emploie ici Tertullien en se référant à la religion païenne peut se traduire dans les langues modernes par les expressions habitude culturelle, mode du temps.

 

            En un temps comme le nôtre, marqué par le relativisme dans le débat sur les valeurs et sur la religion, y compris dans le dialogue inter-religieux, il y a là une leçon à ne pas oublier. Pour cela, je vous propose les dernières paroles du vieillard rencontré par le philosophe Justin sur le rivage de la mer : Il te faut prier avant tout pour que les portes de la lumière s’ouvrent pour toi, car personne ne peut voir ou entendre, à moins que Dieu et son Christ ne lui accordent de comprendre.