Jacques 4, 1-12

« Soumettez-vous à Dieu, résistez au diable, approchez-vous de Dieu »

Père Jean Cantinat

Les épîtres de saint Jacques et de saint Jude, p. 207s

 

           La première invitation, Soumettez-vous à Dieu, revient à dire obéissez-lui, devenez humbles devant lui, pour qu’il puisse vous donner sa grâce. Quelques versets plus loin, en faisant la même recommandation, l’auteur ne dira-t-il pas Humiliez-vous devant Dieu et il vous élèvera ? Le Nouveau Testament use souvent de cette expression Soumettez-vous, lorsqu’il demande l’obéissance.

          L’autre invitation, Résistez au diable, forme antithèse. Elle propose pratiquement d’adopter en face du diable l’attitude de résistance que Dieu adopte vis-à-vis des orgueilleux, mais cette fois le verbe utilisé est peut-être plus absolu : Dieu se refuse aux orgueilleux, le chrétien doit affronter le diable. Les lettres de Pierre et de Paul emploient le même verbe que Jacques à l’occasion de la résistance au diable.

          Pour l’auteur, comme pour les autres écrivains du Nouveau Testament tributaires de la traduction des Septante, le diable, c’est Satan, l’adversaire de Dieu et de ses serviteurs, celui qui précisément, d’après le contexte, suggère l’amitié du monde au lieu de l’humble obéissance à Dieu. Pierre dans sa première lettre l’appelle adversaire et lui prête des intentions hostiles aux serviteurs de Dieu. En spécifiant que la résistance au diable le fera fuir, Jacques se fait l’écho de la tradition évangélique qui montrait Jésus au désert ou pendant sa vie publique résistant au démon et le mettant en fuite. L’idée du succès de la résistance au diable était alors familière, même dans la littérature juive. Les destinataires de cette lettre, en lisant cette recommandation, devaient certainement la rapprocher de celle qui met en garde contre les tentations mauvaises et de celle qui fait état de l’action nocive de la Géhenne personnifiée.

          L’exhortation du verset suivant Approchez-vous de Dieu, il s’approchera de vous, accentue un aspect des deux exhortations précédente, celui de l’initiative qui revient à l’homme dans sa vie religieuse. Il est maintenant précisé que Dieu attend une démarche de l’homme pour se donner pleinement à lui. Il s’agit de ne plus préférer l’amitié du monde à celle de Dieu ; en retour, l’approche de Dieu se fera par le don de sa grâce, par la reprise de ses faveurs.