Jacques 3, 13-18

La vraie sagesse

Père Joseph Chaine

L’épître de saint Jacques, p. 93s

 

           La vraie sagesse est dans son origine, dans ses attributs et dans ses fruits, contradictoire avec la fausse sagesse. L’origine divine de cette vraie sagesse est le principe de ses attributs. L’attribut de pureté est mis en relief ; cette pureté n’est pas spécialement la continence, mais plutôt l’absence de tout défaut, surtout de l’erreur.

          Les autres attributs de cette sagesse sont groupés selon leur morphologie. Les premiers s’opposent spécialement au zèle amer et à l’esprit de brigue. La vraie sagesse s’exerce dans la paix et non au milieu des intrigues ; la pensée est traditionnelle dans la Bible : Les sentiers de la sagesse sont la paix, disent les Proverbes (3,17), et saint Paul nomme la paix comme le fruit des pensées de l’esprit, c’est-à-dire la vraie sagesse (Romains 8,6). Malachie met la paix en relation avec la droiture (2,6). Jacques ne perd pas de vue ce rapport. On peut remarquer que, dans les Béatitudes en Matthieu (5,8-9), la pureté et la paix sont nommées dans le même ordre qu’ici. Les adjectifs qui caractérisent cette pureté sont employés plutôt dans le sens de bonté, d’indulgence quand il s’agit de l’attitude d’un supérieur envers son inférieur ; le psaume (85,5) le dit de Dieu, saint Pierre dans sa première lettre (2,18) le dit pour les maîtres par rapport à leurs esclaves. On peut donc penser que Jacques a en vue successivement les supérieurs et les subordonnés, et qu’il envisage la personne dans le double rapport qu’elle peut avoir avec le prochain.

          La pitié ne désigne pas la miséricorde en tant que sentiment, mais en tant qu’elle agit ; elle va plus dans le sens de la charité active, principalement celle qui s’exerce par les œuvres envers les humbles. Les bons fruits désignent, d’une manière générale, toutes les heureuses conséquences de la vraie sagesse ; parmi eux on peut citer, parmi bien d’autres, l’intelligence de la tribulation, la conformité de la foi avec la doctrine. Quant à la proposition, un fruit de justice est semé dans la paix, elle signifie : la justice que la sagesse produit dans la paix. Cette maxime résume tout ce qui précède : ce sont donc les âmes pacifiques qui sont justes, c’est-à-dire celles qui possèdent la vraie sagesse. La perspective s’agrandit, car la semence de justice s’épanouit en récompense, et celle-ci sera surtout la couronne de vie.