Jacques 2, 14-26

Foi et Œuvres

Père Albert Geslin

L’épître de saint Jacques, p. 39s

 

          Par ce que l’apôtre saint Jacques nous a dit précédemment, il est acquis que nous sommes dégagés de toute influence humaine, Dieu ne voulant pas que nous soyons un instant tyrannisés par les rois du théâtre terrestre. Il va maintenant établir que notre liberté doit se déployer en toute sorte d’activité.

          Une première difficulté se pose : sommes-nous libres ? Oui, nous sommes parfaitement libres de nous élever à tel degré que nous voulons, dans l’activité chrétienne, non de ne pas nous élever du tout, car la foi qui n’agit pas, alors qu’elle est faite pour agir, meurt faute d’activité : sortis de l’abîme, nous y retombons, si nous ne nous en éloignons pas par l’action.

          Une autre difficulté se pose : le Christ ayant acquis pour nous des mérites infinis qui nous ont été appliqués par le baptême, c’est injure que d’y ajouter les nôtres, n’est-ce pas les déprécier, les déclarer insuffisant ? Non, notre paresse nous nuirait, tandis que notre imitation laborieuse du Christ l’honorera. Au surplus, le Christ actif, vivant en nous, comme le chef en ses membres, nous ne pouvons pas ne pas agir sous peine de paralysie, sous menace de mort.

          Une dernière difficulté se présente : saint Paul a déclaré l’impuissance et l’inutilité des œuvres sans la foi. Entendons-nous bien, les actes antérieurs à la foi, et ceux des Juifs en dépendance de la loi mosaïque, ceux des païens en dépendance de la loi naturelle, sont inaptes à nous justifier : telle est la thèse de saint Paul. Les actes consécutifs de la foi et de l’acte justificateur sont absolument nécessaires, et pour nous maintenir en justification, et pour nous y faire progresser : c’est la thèse de saint Jacques. Inopérantes avant la justification, les œuvres ne sont pas requises pour la justification selon saint Paul ; vivifiées par la justification, elles sont indispensables au salut selon saint Jacques. Les deux apôtres se complètent, mais le premier souligne la foi, car il parle aux païenx ; le second souligne les œuvres, car il parle aux chrétiens. Tous deux pensent le tout de la nécessité de la foi et des œuvres.