Matthieu 16, 13-19

« Heureux es-tu, Simon »

Saint Aelred de Rievaulx

Sermons pour l’année, tome 2, Pain de Cîteaux 12, p. 20s

 

                Jésus a interrogé ses disciples : Que disent les gens du Fils de l’homme ? Et ils répondirent : Les uns disent que c’est Jean-Baptiste, les autres Elie ou Jérémie, ou bien l’un des prophètes. Alors le Seigneur leur demanda : Et vous, que dites-vous que je suis ? Pierre proféra cette belle parole : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant.

                Oh ! Quelle belle parole ! Et pour que nous n’allions pas penser qu’il n’avait pas appris cette vérité en son cœur, mais qu’il avait proféré cette déclaration sur Jésus à cause du trop grand amour qu’il lui portait, le Seigneur répondit : Tu es heureux, Simon, fils de Jonas, ce ne sont pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. Ainsi, nous apprenons clairement qu’il n’a pas dit cela par pure supposition, mais qu’il l’a appris par révélation divine. Et comme s’est bien dit : Simon, fils de Jonas. De fait, Simon signifie obéissant, et fils de Jonas fils de la colombe. A coup sûr, quiconque aura été vraiment obéissant, quiconque sera devenu, par sa simplicité et sa douceur, le fils de la colombe qui descendit sur le Seigneur Jésus après son baptême, celui-là, sans aucun doute, sera déclaré bienheureux, celui-là, sans aucun doute, instruit par Dieu le Père, pourra confesser en toute vérité et ouvertement que Jésus Christ est notre Seigneur, et il pourra l’aimer d’un amour parfait.

                Nous venons de mentionner ce à quoi nous pouvons reconnaître que saint Pierre a beaucoup aimé le Christ. Nous pouvons montrer que saint Pierre a davantage aimé le Christ que les autres apôtres qui étaient avec lui. En effet, après la pêche miraculeuse, tandis que le Seigneur mangeait avec ses disciples, il dit à Pierre : Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu plus que ceux-là ? Ainsi que le dit saint Augustin, le Seigneur a posé cette question parce que, lui qui voyait le cœur de Pierre, savait que cela était vrai. Certes, les disciples n’étaient pas tous présents, mais il était bien là celui qui pourrait nous faire hésiter ; nous pouvons en effet penser que saint Jean a plus aimé le Christ que celui-ci l’a davantage aimé.

                Frères, qui oseraient en tirer une affirmation tranchante ? Nous savons que tous ont beaucoup aimé le Christ, que tous ont été beaucoup aimés par Lui. C’est pourquoi, nous devons les aimer et les honorer, et louer le Seigneur pour la vie et la mort de chacun d’eux.