Ezéchiel 18, 1-13+20-32

La vie toute simple de la Vierge Marie

Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte Face

Derniers Entretiens, Le carnet Jaune de Mère Agnès, p. 390s

 

                Si j’avais prêché de la Vierge Marie, j’aurais fait comprendre à quel point on connaît peu sa vie.

                Il ne faudrait pas dire des choses invraisemblables ou qu’on ne sait pas : par exemple que, toute petite, à trois ans, la Vierge est allée au Temple s’offrir à Dieu avec des sentiments brûlants d’amour et tout à fait extraordinaires, tandis qu’elle y est peut-être allée tout simplement pour obéir à ses parents.

          Pourquoi dire encore, à propos des paroles prophétiques du vieillard Siméon que la Sainte Vierge, à partir de ce moment-là, a eu constamment devant les yeux la passion de Jésus ? Un glaive de douleur transpercera votre âme, avait dit le vieillard. Ce n’était donc pas pour le présent, c’était une prédiction générale pour l’avenir.

Pour qu’un sermon sur la Sainte Vierge me plaise et me fasse du bien, il faut que je vois sa vie réelle, pas sa vie supposée ; er je suis sûre que sa vie réelle devait être toute simple. On la montre inabordable, il faudrait la montrer imitable, faire ressortir ses vertus, dire qu’elle vivait de foi comme nous, en donner des preuves par l’Evangile où nous lisons : Ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait. Et cette autre, non moins mystérieuse : Ses parents étaient dans l’admiration de ce qu’on disait de lui. Cette admiration suppose un certain étonnement.

          On sait bien que la Sainte Vierge est la Reine du ciel et de la terre, mais elle est plus Mère que reine, et il ne faut pas dire à cause de ses prérogatives qu’elle éclipse la gloire de tous les saints, comme le soleil, à son lever fait disparaître les étoiles. Mon Dieu ! Que cela est étrange ! Une Mère qui fait disparaître la gloire de ses enfants ! Moi, je pense tout le contraire, je crois qu’elle augmentera de beaucoup la splendeur des élus.

C’est bien de parler de ses prérogatives, mais il ne faut pas dire que cela, et si, dans un sermon, on est obligé du commencement à la fin, de s’exclamer et de faire Ah ! Ah ! Ah !, on en a assez ! Qui sait si quelque âme n’irait pas même jusqu’à sentir alors un certain éloignement pour une créature tellement supérieure et ne se dirait pas : Si c’est cela, autant aller briller comme on pourra dans un petit coin !