Exode 13,17 – 14,9

Les premiers-nés

Antoine Nouis

Commentaire intégral du Pentateuque, p. 278s

 

          Quand le peuple sera arrivé en Terre promise, il risque d’oublier qu’il a été libéré, c’est pourquoi le commandement de transmission est organisé autour de deux rites : la consécration des premiers-nés et la fête des pains sans levain.

          Le premier fait mémoire des premiers-nés des Israélites qui ont été épargnés lors du dixième fléau, et le second fait mémoire de la libération à travers la nourriture.

          Il s’agit dans la lecture de ce jour du premier rite. A chaque fois, ce rite doit être accompagné d’une parole pour en donner le sens : Consacre-moi tout premier-né, tant des humains que des bêtes, quiconque est né le premier de sa mère chez les Israélites : il m’appartient. La parole n’est pas que des mots : Ce sera pour toi un signe sur ta main et un rappel sous tes yeux.

          Cette prescription ne vise pas à célébrer la mort des premiers-nés égyptiens, mais le miracle de la protection des enfants hébreux lors de la nuit de la délivrance. En offrant à Dieu la première partie de ses troupeaux, et en consacrant le premier-né de ses fils, l’Israélite confesse que l’ensemble de ce qu’il possède vient de Dieu. Une telle offrande-consécration devient une confession de foi.

          Déjà dans le livre de la Genèse, Abel apporta des premiers-nés de son petit bétail avec leur graisse. Le Seigneur porta un regard favorable sur Abel et son offrande.

          Le commandement de mémoire est central dans la Torah. Le peuple n’est pas encore sorti d’Egypte, que, déjà, il reçoit le commandement de ne pas oublier ce qui est encore pour lui un futur !

          Souvenez-vous de ce jour où vous êtes sortis de l’Egypte, de la maison d’esclavage, dit le Seigneur. La mémoire de la période égyptienne est fondamentale : c’est notamment elle qui fonde le commandement de bienveillance vis-à-vis de l’étranger : Tu n’exploiteras pas l’immigré, tu ne l’opprimeras pas : vous avez été des immigrés en Egypte.