Marc 9, 2-10

Les vêtements blancs

Saint Jérôme

Marc commenté par saint Jérôme, Homélies, PdF 32, p. 70s

 

          Jésus les emmène une haute montagne, seuls, à l’écart. Il fut transfiguré devant eux, ses vêtements devinrent d’une blancheur éclatante. Aujourd’hui encore, Jésus se trouve pour les uns en-bas, pour les autres en-haut. Ceux qui sont en-bas, et ils sont légion, considèrent que Jésus est en-bas, et ils ne peuvent pas monter sur la montagne. Les apôtres d’ailleurs sont seuls à monter sur la montagne, la foule reste en-bas. En conséquence, un individu pris au hasard dans la foule, en-bas, ne peut voir Jésus sans ses vêtements blancs, mais uniquement dans ses vêtements vils. Tout homme fidèle à la lettre se trouve en-bas, et il considère la terre d’un œil animal ! Cet homme-là ne peut pas voir Jésus dans sa tunique blanche. En revanche, quiconque suit la parole de Dieu et s’élève jusqu’aux sommets, autrement dit vers ce qu’il y a de plus élevé, voit aussitôt la transformation de Jésus et ses vêtements resplendissent à ses yeux.

          Si, dans notre lecture, nous nous en tenons à la lettre, nous pouvons nous poser la question : Qu’y a-t-il d’éclatant, de resplendissant, de sublime ? Par contre, à travers une interprétation spirituelle, les Ecritures Saintes qui sont les vêtements de la Parole se transforment aussitôt et deviennent blanches comme neige, tel que foulon sur terre ne peut blanchir de la sorte.

          Prenez n’importe quel témoignage de prophète, n’importe quelle parabole de l’Evangile, si vous en tenez au sens littéral, vous n’y trouverez rien en soi de resplendissant, ni d’éclatant. Maintenant, suivant les traces des apôtres, faites jaillir le sens spirituel, aussitôt, les vêtements de la Parole changent d’aspect et deviennent éclatants. Et Jésus apparaît totalement transformé, ses habits sont incroyablement blancs, d’une blancheur telle qu’aucun foulon sur terre ne peut blanchir de la sorte. Un homme, en-bas, sur terre, ne peut blanchir ses vêtements : mais celui qui monte avec Jésus sur la montagne, qui quitte sensément la terre d’ici-bas, symbolisant ainsi l’élévation vers les sommets et les valeurs célestes, cet homme peut rendre ses vêtements tels qu’un foulon sur terre ne peut les blanchir de la sorte.