Exode 14, 10-31

Le passage de la mer Rouge

Père Divo Barsotti

Spiritualité de l’Exode, p. 125s

 

          Un vent impétueux souffle toute la nuit, met la mer à sec et Israël peut ainsi traverser la mer. Indubitablement, la tradition d’Israël et de l’Eglise ne peut se tromper sur ce point : nous sommes ici en face d’une merveilleuse manifestation de Dieu, d’une manifestation miraculeuse de la puissance divine. Comment est advenu de miracle, nous ne le savons pas, mais nous savons qu’Israël a traversé la mer et que ce passage de la mer l’a sauvé.

          Pour Israël, ce passage de la mer Rouge a toujours été comme le début d’une nouvelle création, d’une création qui s’oppose pour ainsi dire à la première. Dieu a créée toutes choses, mais toutes les choses sont devenues comme contraires à sa divine volonté ; en quelque sorte elles s’opposent, elles font obstacle à l’accomplissement des desseins divins.

          Pour faire le salut de l’homme, Dieu doit aller contre les lois qui régissent le monde. Par le péché, la nature s’est insurgée contre la grâce et le salut offert par Dieu se réalise dans un drame qui revêt les proportions mêmes de l’univers. Dieu commence sa nouvelle création, qui est le salut de l’homme après le péché, en bouleversant toutes les lois qui régissent le cosmos. Dans ses derniers chapitres, le Livre de la Sagesse nous le dira en termes plus explicites et plus clairs.

          La création n’a donc pas aujourd’hui en elle-même et par elle-même une transparence divine ; après le péché, elle a plutôt été maudite, elle est devenue impure, elle est comme une muraille empêchant l’âme de tendre à Dieu et de le rejoindre. Et Dieu, qui veut le salut d’Israël, accomplit d’abord le salut de la création ; avant de sauver l’homme, il doit en quelque sorte exorciser cette création qui ne répond plus à ses desseins.

          Israël doit être sauvé. Si les lois de la nature conservent leur cours naturel, Israël n’est pas sauvé, il est perdu pour toujours. Il faut donc que ces lois soient transgressées, brisées par la toute puissance divine ; cette toute puissance divine qui avait créé les choses doit maintenant les défaire pour les refaire une seconde fois afin de leur donner un nouvel ordre, de nouvelles lois, une nouvelle destination. La création ne devra plus enfermer l’homme, le rendre esclave, mais elle doit devenir l’instrument divin du salut.