Exode 18, 13-27

L’institution des Juges

Saint Augustin

Les 7 livres des questions sur l’Heptateuque, Livre I, OC 7, p. 569s

 

          Jéthro, beau-père de Moïse, se réjouit de tout le bien que Dieu avait fait à Israël ; il dit à Moïse : Béni soit Dieu qui vous a tirés des mains des Egyptiens. Je sais maintenant que ton Dieu est plus grand que tous les dieux.

          Témoin du travail absorbant que Moïse s’imposait pour le peuple, Jéthro lui donna ce conseil : Donne-toi au peuple uniquement pour les affaires qui se rapportent à Dieu ; instruis-les des lois et des décisions, fais-leur connaître la voie à suivre, la conduite à tenir. Il l’avertit alors de ne pas abandonner pour le peuple les affaires de tous les jours ; qu’il choisisse, dans le peuple, des hommes craignant Dieu, justes et éloignés de tous sentiments d’orgueil, pour les établir les uns sur des groupes de mille hommes, les autres sur des groupes de cent, d’autres sur des groupes de cinquante puis de dix. Voilà comment il décharge Moïse des affaires simples, sans en surcharger les autres. En effet, chaque millier d’hommes avait à sa tête un juge qui en avait lui-même dix au-dessous de lui, dix autres juges au-dessous desquels s’en trouvaient vingt autres, et ainsi de suite, de sorte que chacun de ces juges avait peu de litige à régler.

          Il nous est aussi donné là un exemple d’humilité : Moïse, habitué à converser avec Dieu, ne dédaigne pas et ne repousse point les conseils d’un étranger, son beau-père. On se demande même, avec raison, si ce Jéthro, qui n’était pas Israélite, doit être compté parmi les hommes religieux et sages qui honoraient le vrai Dieu, comme Job, quoiqu’il ne fût pas non plus du peuple de Dieu. Le langage de l’Ecriture est ambigu, et ne permet pas de distinguer s’il a offert un sacrifice au vrai Dieu au milieu de son peuple, ou si Moïse lui-même l’a adoré, quoique pour ce qui est de cette adoration, quand bien même elle aurait eu lieu, ce semblerait plutôt un témoignage d’honneur rendu à Jéthro, comme on voit que les patriarches ont eu la coutume d’en rendre à certains hommes dans un sentiment de respect, tel Abraham, Noé et d’autres.