Exode 12, 21-36

Le salut des premiers-nés du peuple juif

Anonyme

Homélie pascale du V° siècle, n° 1-5

 

          Les Juifs fêtent une Pâque terrestre ; nous, nous fêtons une Pâque céleste, en dépassant le terrestre. La Pâque célébrée chez les Juifs était le symbole du salut de leurs premiers-nés, car avec les premiers-nés des Egyptiens ne périrent pas ceux des Juifs ; ils étaient symboliquement protégés par le sang de la victime pascale. La Pâque célébrée chez nous est cause du salut de tous les hommes, en commençant par Adam, le premier-formé, qui est, en eux tous, sauvé, rendu à la vie.

          Les réalités partielles sont les images des réalités parfaites, et les provisoires sont les figures des éternelles. Elles préludaient, comme des esquisses, à la Vérité qui maintenant s’est levée. Puisque la Vérité est là, la figure n’a plus sa place. Quand le roi se trouve présent, personne n’estime bon de délaisser le roi vivant pour se prosterner devant son image. Oui, la figure est inférieure à la Vérité, puisque cette figure fête la vie des premiers-nés des Juifs qui leur fut rendue pour peu de temps seulement, tandis que la Vérité fête la vie sans fin de tous les hommes. Ce n’est pas grand-chose d’échapper provisoirement à la mort, si l’on doit mourir un moment après ; mais c’est une grande chose d’échapper à la mort absolument, et telle est notre part à nous pour qui le Christ, notre Pâque, a été immolé.

          Le nom même de la fête ne trouve son sens plénier que s’il est appliqué à la Vérité. D’après son étymologie, le mot Pâque signifie passage ; si l’Exterminateur qui frappait le premiers-nés passa les maisons des Hébreux, c’est par-dessus nous que l’Exterminateur passe vraiment, quand, une fois pour toutes, il nous épargne, nous que le Christ a ressuscités pour la vie éternelle.

          Il faut donc contempler d’une manière spirituelle et recevoir avec foi le contenu de la Pâque dans sa totalité, selon l’exégèse donnée par les Apôtres. Le croyant désire comprendre comment la préfiguration, dans son ensemble, annonce la Vérité ; à travers les réalités matérielles d’autrefois, il veut contempler en quelque sorte les réalités spirituelles qui le concerne ; ainsi toute l’économie de la Loi comprise selon le Christ devient sienne ; à travers  les réalités spirituelles, les réalités matérielles deviennent parfaitement claires, et, à la façon d’une peinture, ce qui demeure invisible se révèle dans ce qui visible.