Exode 22,20 – 23,9

l’ACCUEIL DE L’etranger

Père Georges Auzou

De la servitude au service, p. 333s

          La sortie d’Egypte n’est pas seulement un souvenir, c’est un enseignement permanant aux multiples et profondes conséquences : Tu ne molesteras l’étranger ni ne l’opprimeras, car vous avez vous-mêmes résidé comme étrangers dans le pays d’Egypte. L’étranger résident est celui qui vit d’une manière plus ou moins durable dans un groupe humain qui n’est pas naturellement le sien et dont il partage les conditions. Moïse l’était dans le clan madianite, comme Abraham l’avait été parmi les fils de Heth (Genèse 23,4), comme un Ephraïmite le sera chez les Benjaminites (Juges 19,16), comme le seront les Lévites qui n’auront point d’attaches territoriales ; les Israélites avaient fait l’expérience de cette vie en Egypte.

          Vie de pauvres, généralement, puisqu’ils n’étaient pas propriétaires et qu’ils tenaient leurs moyens de vivre de leur emploi par les gens du pays. D’où la recommandation du Code qui revient à ceci : Ne fais pas souffrir aux autres ce dont tu as souffert toi-même, et en particulier ce poids de la servitude qui est la disgrâce de l’indigence.

          La Loi, d’inspiration prophétique, offre tout un commentaire à cette prise en considération de l’étranger qui cohabite. Il faut donc aimer l’étranger comme soi-même, parce que Dieu l’aime comme il aime les pauvres. Les étrangers prennent part à la vie religieuse de la communauté où ils vivent : sabbat, sacrifices, fêtes et même Pâque à condition d’être circoncis. Finalement, ils auront le même droit que les autres.

          Le mot hébreu étranger a été traduit par les LXX par le mot prosélyte, celui qui vient vers. Il n’est pas étonnant que ce terme finît par désigner le non-juif converti à la foi d’Israël. C’était donc dans la ligne du Code de l’Alliance. Cette ligne se prolonge jusqu’à nous en passant par la parabole du Samaritain. Le respect et l’accueil dus à ceux qui ne font pas d’abord partie de la communauté sont d’autant plus loi chrétienne que maintenant l’étranger est le Christ lui-même : J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’étais un étranger et vous m’avez accueilli.