Jean 2, 13-25

Jésus et le Temple

Saint Augustin

10ème homélie sur l’évangile de saint Jean, DDB, Tome I, p. 555s

 

          Qu’allons-nous entendre dans l’évangile ? Alors que le Temple n’était encore qu’une image, le Seigneur en chasse tous ceux qui y cherchaient leurs intérêts. Qu’est-ce qui y étaient vendus ? Tout ce dont les hommes avaient besoin pour les sacrifices. A cause de son caractère charnel et de son cœur de pierre, le peuple, à l’époque, sacrifiait animaux, bœufs, brebis et colombes, afin de se retenir sur la pente de l’idolâtrie. Ce n’était donc pas un péché que de vendre dans le Temple ce qui était nécessaire pour y faire des sacrifices ; et pourtant le Seigneur les en a chassés.

          Les disciples se souvinrent qu’il est écrit au psaume 68 : Le zèle de ta maison me dévore. C’est par le zèle de la maison de Dieu que le Seigneur a chassé ces vendeurs du Temple. Frères, que chacun d’entre vous soit dévoré par le zèle de la maison de Dieu. Quel est celui qui est dévoré d’un tel zèle ? Celui qui fait en sorte que soit corrigé tout ce qu’il peut y voir de mal, désire qu’on lui apporte remède, ne prend point de repos, et, s’il ne peut y remédier, supporte et gémit. Le bon grain n’est pas jeté hors de l’aire à grains, il y endure le voisinage de la paille afin d’entrer dans le grenier quand la paille aura été mise à part.

          Pour toi, tant que tu n’es pas dans le grenier, si tu es un bon grain, veille à ne pas être rejeté de l’aire, de peur d’être ramassé par les oiseaux avant d’être recueilli dans le grenier. Car les oiseaux du ciel, les puissances de l’air, se tiennent aux aguets pour enlever quelque chose de l’aire, mais il ne s’empare que de ce qui en a d’abord été rejeté.

          Que le zèle de la maison de Dieu te dévore donc. Que chaque chrétien soit dévoré par ce zèle de la maison de Dieu, de cette maison de Dieu dont il est l’un des membres. Car aucune maison n’est plus véritablement ta maison que celle où tu obtiens le salut éternel. Si donc tu ne fais en sorte qu’il ne se passe rien de mal dans ta maison, dois-tu, si tu en as quelque pouvoir, laisser commettre ce que tu pourrais voir de mal dans la maison de Dieu qui offre comme perspective le salut et le repos sans fin ?