Exode 24, 1-18

La conclusion de l’Alliance

Rupert de Deutz

De la Trinité et de ses œuvres, Sur  l’Exode, Livre III, Ch. 41-42

 

          Moïse prit le livre de l’alliance et en fit lecture au peuple. Celui-ci répondit : Tout ce que le Seigneur a dit, nous le mettrons en pratique, nous y obéirons. Cet engagement, répété trois fois en entier, par le peuple, est désormais ratifié, irrévocablement.

          Alors, Moïse prit le sang, en aspergea le peuple, et dit : Voici le sang de l’Alliance que le Seigneur a conclue avec vous, conformément à toutes ces paroles. Voilà enfin la célébration solennelle et rituelle du don de la Loi. En effet ce qui s’était passé le jour précédent mériterait plutôt d’être appelé une catéchèse.

          L’apôtre se souvient de cet événement quand il écrit : Même la première Alliance n’a pas été inaugurée sans effusion de sang… Moïse prit le sang des jeunes taureaux et des boucs avec de l’eau ; il en aspergea le livre lui-même ainsi que tout le peuple, en disant : Voici le sang de l’alliance que Dieu a contractée avec vous (Hébreux 9,18-20).

          L’auteur affirme ici que la première Alliance a été inaugurée lorsque, après que Moïse eut bâti un autel et dressé douze stèles pour les douze tribus d’Israël, tout le peuple s’engagea à observer la Loi qui venait d’être proclamée. Alors Moïse immola des victimes et aspergea l’autel avec la moitié du sang, et, avec l’autre moitié, il aspergea le peuple en disant : Ceci est le sang de l’Alliance. N’est-elle pas l’acceptation d’un contrat à cause des promesses faites par celui qui le propose : Lui sera leur Dieu et eux son peuple ? N’est-ce pas exactement ce qui a lieu aussi dans toute alliance conjugale ?

          Oui, c’est bien en ce cinquantième jour de grande et sainte mémoire, que cette femme, je veux dire la nation juive, qui s’était développée en Egypte, avait grandi, était devenue nubile, comme le dit le prophète, à qui on n’avait pas coupé le cordon au jour de sa naissance, qui n’avait pas été baignée dans l’eau pour être purifiée et qui s’était mise au service d’une foule de dieux, oui, c’est bien ce jour-là qu’elle appartient à son unique époux, c’est-à-dire au Dieu unique. Et c’est alors qu’elle fut baignée dans l’eau, lavée dans son sang, vêtue, chaussée et parée de tous les ornements de la sainteté.

          Tout cela, comme dit l’auteur, était l’image et l’ombre des réalités célestes (Hébreux 8,5).