Exode 32, 1-6 + 15-34

L’intercession de Moïse

Cardinal John-Henry Newman

Sermon Moses the Type of Christ

 

          Chaque fois que les fils d’Israël péchèrent, Moïse se fit leur grand intercesseur. Ainsi tandis qu’il était sur la montagne, le peuple se pervertit : ils dressèrent une statue, un veau d’or ! Ils l’honorèrent en festoyant et en dansant autour d’elle. Dieu les aurait privés de la Terre promise, si Moïse ne s’était interposé : Seigneur, reviens de l’ardeur de ta colère, renonce à ce que tu veux faire aux tiens. Moïse obtint un répit et renouvela ses supplications. Vous avez commis un grand péché ; je vais monter vers le Seigneur, peut-être parviendrai-je à expier votre péché ?

          En ces circonstances, Moïse préfigure clairement  le vrai Médiateur entre Dieu et l’homme, celui qui est pour toujours à la droite de Dieu intercédant pour nous. Mais l’analogie est encore plus étroite qu’il n’y paraît à première vue. Après avoir dit : S’il te plaisait de pardonner leur péché, Moïse ajoute : Sinon, efface-moi, de grâce, du livre que tu as écrit. Il fut pris au mot !

          C’était là une figure de celui qui devait venir, notre Sauveur, le Christ, lui qui est mort pour que nous puissions vivre. Il a consenti à laisser la gloire de sa condition divine, pour que nous puissions l’acquérir. Par sa croix et sa passion, il a expié nos péchés et gagné pour nous le pardon de Dieu.

          Moïse aussi souffrit pour notre propre péché. De fait, l’entrée en Canaan lui fut interdite ; mais, pourquoi ? Certes, comme la divine Victime sur la croix, il n’avait rien fait de mal (Luc 23,41), mais ses lèvres avaient parlé à la légère (Psaume 105,33), quand le peuple le provoqua par ses murmures. Le doux Moïse fut incité à les appeler rebelles (Nombres 20,10) ; il sembla s’arroger le pouvoir et l’autorité qu’il avait reçus de Dieu. Il fut donc châtié par sa mort dans le désert. Le Christ, lui, Agneau de Dieu immaculé, couvert d’insultes, n’insultait pas ; accablé de souffrances, il ne menaçait pas, mais confiait sa cause à celui qui juge avec justice (1 Pierre 2,23). Aussi, par sa mort, il a réellement gagné notre pardon.

          Aucun homme ne peut nous porter jusqu’à Dieu : c’est Dieu qui vient de lui-même.