Jérémie 22,1-9 + 23,1-8

La mort rédemptrice du Seigneur : un sacrifice

Père Joseph Bonsirven

Théologie du Nouveau Testament, p. 304s

 

          C’est par un sacrifice que le Seigneur nous a rachetés : comment le définir ? D’abord en mettant l’accent sur le côté volontaire du sacrifice, ensuite en ne séparant pas, Passion et Mort, de la Résurrection et du reste de la vie. La lettre aux Hébreux (10,1-10) nous apprend à bien comprendre la doctrine sur le sacrifice : nous sommes sanctifiés, dit-elle, dans l’offrande que le Fils, en venant dans le monde, fit de son obéissance, aboutissant à l’oblation du corps du Christ. Par là, son sacrifice comprend, non un moment de son existence, mais toute sa vie. Nous découvrons la même indication dans les seuls textes qui appliquent au geste de Jésus le terme de sacrifice : Il nous a aimés et s’est livré pour nous comme une offrande et un sacrifice de bonne odeur offert à Dieu ; il a aimé son Eglise et s’est livré pour elle (Ephésiens 5, 2 et 25). Il n’est pas question de sang ; le terme livrer générique ne signifiant pas de soi sacrifier nous invite à voir une donation entière de soi-même : le Fils de Dieu entre dans notre humanité pour lui communiquer ses richesses, surtout lui-même, par une présence permanente. Un seul médiateur, l’homme Christ Jésus, qui s’est donné pour délivrer une multitude (1 Timothée 2,6), lisons-nous : cela rappelle un mot de Jésus : Le Fils de l’homme est venu non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude (Marc 10,45). Pas plus ici que dans les autres textes n’apparaît une allusion évidente à la croix, mais seulement l’idée d’une généreuse donation de soi-même.

          A tenir compte de ces données, nous pouvons définir ce que fut, suivant saint Paul, le sacrifice du Fils de Dieu. Il est avant tout l’acceptation filiale de la mission que lui assigne son Père : il est donné aux hommes afin de les transformer en véritables enfants de Dieu. Le Fils se soumet à toutes les obligations que comporte cet office, sacrifices particuliers, monnaie du sacrifice premier ; parmi ces sacrifices, une place prépondérante est reconnue à la croix : elle est le sacrifice par excellence, la souffrance étant le témoignage le plus indiscutable de l’obéissance. De là, l’accent mis, dans la piété et le dogme chrétiens, sur l’événement sanglant : dogme de la mort sacrificielle du Christ, à laquelle nous associe l’eucharistie. Rappelons encore qu’elle est un moment proéminent, un point culminant du sacrifice total, elle n’est pas l’unique sacrifice.