Galates 28, 10-22

Un pèlerin qui écoute

Daniel-Odon Hurel

Les Bénédictins, p. 150

 

           Le prologue de la Règle de saint Benoît définit clairement la notion d’appel divin, de vocation, à travers les termes d’écoute et de réponses à apporter. Comme tout pèlerin, le moine réunit le nécessaire : la foi, la pratique des bonnes actions, le modèle du Christ et l’Evangile. Il met en œuvre des moyens qui le conduisent sur une route, celle du retour vers Dieu. Ces moyens sont les bonnes œuvres qui touchent toute la vie du moine dans le cadre communautaire : prière au chœur, charges et fonctions, service des frères, mise en valeur de savoirs et de compétences particulières, tout cela dans le cadre de l’obéissance, cadre englobant qui garantit la justice et la vérité.

          Ce cheminement de pèlerin et ce labeur artisanal impliquent un regard sur soi, une remise en question permanente, une distanciation personnelle, processus facilité par la prière, le dialogue avec le supérieur, la méditation du Christ et de l’Evangile. Dans sa toute fin, le Prologue revient sur la notion d’école, d’équilibre entre le collectif monastique et l’itinéraire personnel. La Règle organise cette école dans toutes ses dimensions matérielles, spirituelles, humaines. En ce sens, elle englobe l’être humain à l’image de la vie du Christ transmise par les évangélistes, dans laquelle toute la vie du Christ est tournée vers le retour au Père.

          Ecoute et Ecole constituent deux termes essentiels aux yeux des commentateurs. L’essentiel est dans la notion d’école et d’apprentissage. Pour bien apprendre, il faut quelques conditions : être attentif aux enseignements de son maître, bien les retenir, les remâcher et les mettre en pratique. Il n’est alors qu’un seul maître : Dieu lui-même. Les commentateurs insistent sur cette dimension. « La première chose que doit faire celui qui entre en religion pour y apprendre la perfection, c’est de prêter l’oreille intérieure à Dieu qui est le maître de cette école spirituelle ». Il s’agit d’une école de l’absolu qui répond à une exigence vitale dans la mesure où le religieux doit « se rendre attentif à ses saintes aspirations et se déterminer à les effectuer à quel prix que ce soit ».