Nombres 16, 1-11+16+24-28+35

La révolte de Coré

Cardinal John-Henry Newman

Sermon : The gainsaying of Korah

 

           Le péché de Coré est un péché d’ambition. Il s’agissait d’un groupe de ministres désignés pour le service de Dieu. Les lévites étaient une tribu spécialement sainte, dont une partie, la famille d’Aaron, recevait le sacerdoce ; tous les membres de cette tribu étaient consacrés au service du Seigneur. Coré était l’un d’eux. Insatisfait d’être seulement ce que Dieu lui avait donné d’être, il aspirait à être davantage, à posséder le sacerdoce. Quelques-uns de ses frères se joignirent à lui dans sa rébellion.

          Chez les instigateurs de cette révolte, il n’était pas question d’un manque de foi à l’égard de la puissance ou de la providence de Dieu à son peuple. Bien loin de nier que Dieu était avec toute la nation, ils l’affirmaient ; ils disaient seulement que Dieu n’était pas spécialement avec Moïse et Aaron : ils réclamaient une égalité d’honneur et de pouvoir avec Moïse et Aaron. Vous dépassez la mesure, disaient-ils, c’est toute la communauté qui est consacrée ! Le Seigneur est au milieu de tous ! Pourquoi donc vous élevez-vous contre la communauté d’Israël ? Le Seigneur n’est pas si loin, il n’est pas seulement dans les nuages au Sinaï, sur le propitiatoire avec Aaron, il est au milieu de nous, dans la communauté, aussi près d’un homme que d’un autre, aussi près de nous tous que de Moïse. Quelle fut la fin de cette révolte ? Un feu jaillit, envoyé par le Seigneur ; il consuma les deux cent cinquante hommes qui offraient l’encens.

          Quelle leçon à tirer de cette horrible histoire ? L’Ancien testament est encore pour nous une règle qui indique des devoirs dans ses principes, ses enseignements, ses préceptes, l’Evangile n’est que le développement et l’accomplissement de la Loi ; s’il n’en était pas ainsi, l’Ancien Testament ne serait plus que lettre morte pour les chrétiens ! Quel grand péché ce doit être de résister aux ministres du Christ ou de s’immiscer dans leurs fonctions ! Quel grand péché que d’avoir la présomption d’accomplir les rites de l’Eglise, de baptiser, de célébrer l’Eucharistie, d’ordonner, de bénir, sans en avoir reçu mission !