Matthieu 1,16-18+21-24a ou Luc 2, 41-51a

Joseph, l’obéissant silencieux

Père Claude Flipo

Hommes et femmes du Bouveau Testament, p. 29

 

          On le représente assis, la main derrière l’oreille, songeur. Car, c’est en songe qu’il est averti. On l’imagine debout, tenant d’une main la varlope et posant l’autre sur l’épaule de Jésus apprenti. Ou encore, marchant vers Bethléem devant l’âne, et Marie enceinte sur l’âne. Rarement, pour ne pas dire jamais, aux côtés de son épouse. C’est bien dommage, car l’art aurait beaucoup à exprimer sur ce couple insolite. Joseph, ce fils d’Abraham, de la maison de David, est donc bien seul, la main derrière l’oreille pour mieux écouter. Il médite, cherchant à comprendre ce qui se passe sous ses yeux.

          Car il est l’homme aux songes, comme Joseph, le fils d’Isaac, son patron. Ses songes, en effet, ne sont pas le fruit de son imagination. Ils désignent l’état d’une conscience profondément recueillie où l’ange du Seigneur lui parle, par trois fois, pour lui indiquer sa mission. En premier lieu, devant Marie enceinte : Ne crains pas de prendre chez toi, Marie, ton épouse, car ce qui a été engendré en elle vient de l’Esprit-Saint. Puis, après le départ des mages : Lève-toi, prends avec toi l’enfant et sa mère, et fuis en Egypte ; et restes-y jusqu’à ce que je te le dise. Enfin, après la mort d’Hérode : Lève-toi, prends avec toi l’enfant et sa mère, et mets-toi en route pour la terre d’Israël, car ils sont morts ceux qui en voulaient à l’enfant.

          Joseph est donc muet, comme Zacharie, non par doute, mais par obéissance. Il est en personne l’obéissant, tout entier au service du dessein de Dieu. Et son obéissance est d’être époux et père, comme en retrait, à distance, dans la figure de la chasteté parfaite, faite de tendresse et de force, d’autorité et de soumission. Ton père et moi, nous te cherchions, dit Marie à Jésus, quand ils le retrouvent après trois jours au Temple de Jérusalem. Et Jésus, douze ans, de leur répondre : Ne saviez-vous pas que je dois être aux affaires de mon Père ? Extraordinaire dialogue, où Jésus rappelle à sa mère  l’origine de sa maternité, et à son père la source de sa paternité. Extraordinaire liberté de Jésus à douze ans ! Mais dans le mouvement même où Jésus affirme sa filiation divine, il descend avec ses parents à Nazareth dans la grâce d’une obéissance librement consentie : Et il leur était soumis.