Hébreux 11, 1-16

une mission unique en deux ames

Adrienne von Speyr

La servante du Seigneur, p. 71s

 

          L’ange parle à Marie comme à Joseph : en lui tous deux ont part à la même mission et c’est dans l’unité de cette mission que réside leur vraie unité et leur véritable compréhension mutuelle en Dieu. Leur unité et leur compréhension sont si grandes qu’ils peuvent se passer d’explication. L’ange est comme le trait d’union de leur véritable alliance en Dieu. Depuis l’apparition à Joseph, leurs deux missions ne sont plus séparées, elles forment une mission unique en deux âmes et cette unité de la mission est la plus profonde qui puisse exister entre deux êtres humains. Elle ne repose plus sur le plan des relations humaines ordinaires où deux destinées humaines s’ouvrent l’une à l’autre, puis sont transfigurées et élevées par la pensée de Dieu. L’unité et la réciprocité sont, dans leur caractère total, données d’en-haut et entrent pleinement dans leur double service en une unique mission. Cette mission, de toute éternité, avait été conçue et réservée pour eux en Dieu et déjà leur alliance humaine dans les fiançailles était destinée à cette mission, bien qu’eux-mêmes ne se doutassent de rien avant l’apparition de l’ange. Maintenant que celui-ci est apparu aussi à Joseph, cela s’éclaire ; pour eux, le sens des fiançailles devient transparent jusqu’au fond et ils l’acceptent avec d’autant plus de reconnaissance.

          Depuis son premier entretien avec l’ange, Joseph a une certaine idée de la vie qui l’attend. Il a reçu une mission tout à fait déterminée : être fidèle à cette femme, veiller paternellement sur cet Enfant, et se tenir si totalement à la disposition de Dieu qu’il accepte et accomplisse toute chose par amour de cette mission. La réponse de Joseph est le point de départ de ses actes bien précis. Chez Marie, c’est l’inverse. En disant oui, elle pose son acte et elle renonce à avoir une idée de la vie qu’elle aura. Ici-bas, elle est confiée à joseph, et dans le surnaturel elle l’est tout entière au Fils et au Père. Ainsi l’attitude de l’homme et de la femme sont-elles différentes dans le oui prononcé : la femme s’ouvre pour être remplie de quelque chose qu’elle ne connaît pas ; l’homme au contraire est fermé ; ce qui est accentué, c’est ce qu’il y a de mâle chez lui, ce qui prend les décisions.