Jean 12, 20-33

Les païens à l’heure de Jésus

Père Valerio Mannucci

Les païens à l’heure de la glorification de Jésus, AS 18, p. 37s

 

          Des grecs craignant Dieu, croyant au Dieu unique et observant la justice, étaient venus à Jérusalem en pèlerins, mus par une recherche sincère de la vérité, cherchaient à rencontrer Jésus. Ils s’adressent à Philippe et lui disent, parce que celui-ci, originaire de Bethsaïde, parlait grec : Nous voudrions voir Jésus.

            Voir Jésus ne peut signifier uniquement l’apercevoir : ils auraient pu y réussir sans recourir à Philippe ! En réalité, ils désirent parler avec Jésus, s’entretenir avec lui. Le verbe voir se rencontre fréquemment chez saint Jean pour indiquer la réalité de la foi. Le type parfait du croyant est le disciple préféré qui, entré au tombeau le matin de Pâques, vit et crut.

            La recherche d’un intermédiaire semble avoir également une signification symbolique. Le monde païen n’a pas connu Jésus en personne, mais seulement à travers la prédication des apôtres : les païens ont vu Jésus grâce à l’évangile qui leur a été prêché.

            Mais, entre le désir exprimé par les païens et leur entrée dans le Royaume à la suite de la prédication apostolique, il y a la Passion-Mort-Résurrection de Jésus, son heure : L’heure est venue, pour le Fils de l’homme, d’être glorifié. C’est alors que tombent toutes les barrières dressées par les particularismes sectaires. C’est alors aussi que commencent les premières expériences de foi authentique au Christ vivant, au Christ Seigneur, expériences impossibles avant Pâques.

            L’apparition des païens et leur requête significative font comprendre à Jésus que l’heure tant attendue, dont le quatrième évangile a marqué progressivement l’approche, est vraiment arrivée. C’est l’heure du Fils de l’homme, titre caractéristique du quatrième évangile où il correspond à l’ensemble des événements (Passion, Mort, Résurrection, Ascension) qui s’y trouvent désignés sous le terme unique de glorification.

            La gloire est l’irradiation de la présence de Dieu, la splendeur, terrible et fascinante à la fois, de l’être divin. Elle habite le Verbe incarné, mais l’humilité de l’Incarnation en tempère la splendeur. La Passion, loin de la dissiper, la révèle en plénitude : dès lors que l’enveloppe est brisée, la présence divine envahit l’humanité du Verbe pour la faire ressusciter et monter au ciel.

            Le retour de Jésus auprès du Père annonce la voie du salut aux païens eux-mêmes. Ceux-ci, en croyant au Christ glorifié, contribueront à la gloire du Fils de l’homme et constitueront une part de son triomphe.