Jean 18,1 – 19,42

Mort du Christ

Père Jean-Pierre Jossua

Le salut, incarnation ou mystère pascal, chez Chromace d’Aquilée, p. 145s

 

          Le Christ est crucifié pour le salut du monde, sa passion est pour nous un banquet divin. En effet, son sang nous rend la paix, nous délivre : celui qui avance d’Edom en robe de pourpre, c’est de son propre sang qu’il est rougi. Sa croix est aussi lumière : en effet l’humanité du Christ est une lampe, car dans son corps d’homme luit faiblement cette lumière qui resplendit dans sa divinité, et cette lampe placée sur le candélabre de la croix illumine toute la maison qui est l’Eglise. Mais il est avant tout par sa souffrance et sa mort le vainqueur de Satan, de la gueule de qui il retire son peuple, détruisant le diable avec ses légions, avec le péché et avec la mort.

          Il est important que cette victoire soit l’œuvre d’un homme ; en effet, le Christ qui, depuis le début du monde, n’avait pas cessé de monter et de descendre, monte à l’Ascension, pour la première fois, avec un corps, alors qu’il est descendu sans cette chair dans laquelle il est né, dans laquelle il a souffert, et dans laquelle il est mort. Lors donc que le Père le reçoit, revenant au ciel, avec un corps et le place à sa droite, l’accent porte davantage sur la récapitulation que sur la simple solidarité avec nous : Le Christ règne dans les cieux avec notre chair, celle qui nous a été donné au paradis. La croix est donc en tout notre remède, le médicament céleste qui nous rend la santé parfaite.

          Mais la résurrection est aussi mystère de salut. Si la mort est vaincue, c’est parce que le Christ a triomphé en mourant et en ressuscitant des morts : il a capturé la mort, il en a détruit la puissance, il l’a tuée. De cette victoire, mort et résurrection sont les deux temps inséparables : c’est parce qu’il n’était pas soumis à la première et qu’il l’a cependant acceptée, qu’il la vainc, mais il l’a vainc en ressuscitant, comme la lumière fait disparaître les ténèbres. C’est par la clé de la résurrection que notre Seigneur a ouvert pour la première fois la porte du ciel, qui est maintenant la prédication évangélique. C’est pour cela qu’en son corps il est ressuscité et qu’avec son corps il est monté aux cieux, pour ouvrir par sa montée même cette porte du ciel jusque là fermée. Le Christ vainqueur, retournant au ciel après le combat de sa passion, ouvre la porte du ciel.