Matthieu 28, 8-15

« Il n’est pas ici, il s’est relevé »

Saint Sévère d’Antioche

Sur la résurrection de Notre Seigneur Jésus Christ, PdF 55, p. 81s

 

           Les saints évangiles n’ont pas déclaré que le Seigneur était ressuscité le soir du sabbat, ou après minuit, ou à l’aube, ou encore après l’éclat des rayons du soleil. Il y aurait en effet une contradiction si les auteurs situaient le même événement, non pas au même moment, mais à des heures différentes. Mais ils ont écrit que les femmes se sont présentées devant le tombeau chacune à des heures différentes, et non pas au même instant. Ils ont raconté comment elles étaient venues séparément, mais que les anges leur avaient, à toutes de la même manière, appris ceci à propos du Sauveur : Il s’est relevé, il n’est pas ici. Mais le moment n’a pas été précisé, comme si tous s’accordaient pour admettre, d’une seule voix, que la résurrection a eu lieu cette nuit divine, sans que personne n’en indique l’heure. Celle-ci est inconnue de tous, sauf de Dieu ressuscité, de son Père, qui seul connaît son Fils comme lui-même est connu par son Fils, et encore de l’Esprit, qui sonde tout, même les profondeurs de Dieu.

          Selon Matthieu, Marie la Magdaléenne et l’autre Marie, après le sabbat, sont venues contempler le tombeau ; il y eut une grande secousse : un ange est alors descendu du ciel, pareil à un éclair, et portant un vêtement blanc comme neige : terrible, pour terrifier les gardiens, et en même temps éclatant pour attirer les femmes et leur inspirer confiance, et pour annoncer la résurrection dans la joie, grâce à cette tenue même. C’est bien pour cela que l’ange a été envoyé. Il fit en effet rouler la pierre et découvrit la résurrection du Seigneur, qui avait divinement quitté le tombeau fermé, clos avec des scellés et gardé par des soldats. De la même manière aussi, alors que les portes étaient fermées, Jésus s’introduisit chez ses disciples pour se trouver avec eux.

          C’est pourquoi l’ange disait : il n’est pas ici, il est relevé, indiquant par là que le Sauveur était miraculeusement ressuscité avant son arrivée. Cette résurrection, Jésus l’avait accomplie, en tant que Dieu, avec ses propres forces, pour réaliser son œuvre de salut, sans avoir besoin de l’aide des anges. Dans le cas contraire, l’ange aurait dit : Voici qu’il se relève, marquant l’action entrain de se réaliser. Mais, puisque la résurrection s’était déjà produite, il utilisa le passé en disant : Il n’est pas ici, il s’est relevé.