Jean 12, 1-11

Gestes de miséricorde

Père Paul-Marie de la Croix

L’évangile de Jean et son témoignage spirituel, p. 402s

 

          Tous les gestes de Jésus sont vrais. Plus encore : tous sont des actes créateurs. Le lavement des pieds par Jésus, accompli à l’entrée de sa Passion, est définitif, et il le sait. Ce que fera Judas quelques instants après n’en sera que plus terrible !

          Au-delà des gestes du Christ, si exemplaires qu’ils soient, mais encore extérieurs, il y a ce qu’il fait pour ses disciples, l’hommage qu’il leur rend. Ce qu’il dépose à leurs pieds, c’est toute la ferveur, toute la disponibilité, tout l’amour qu’il va mettre en œuvre pour eux. Gravement, joyeusement, il s’incline devant eux, reconnaissant en eux ceux pour lesquels il a été envoyé, ceux qu’il va rendre dignes d’être aimés par son Père. Il ne joue pas le rôle de serviteur, il l’est véritablement avec toute la dévotion, la ferveur, la piété de celui qui offre à Dieu un sacrifice.

          Devant cette scène du lavement des pieds, comment ne pas évoquer celle où l’on voit Marie versant du parfum sur les pieds de Jésus et les essuyant de ses cheveux ?

          Ce qu’une pauvre femme a accompli dans la tendresse de son cœur, cet hommage délicat et fervent rendu au Maître, celui-ci à son tour l’accomplit envers ses disciples. Et il ne répugne pas à poser les mêmes gestes envers celui qui le trahira et celui qui le reniera, effaçant comme par avance leurs souillures, pour ne voir en eux que la dignité à laquelle le Père les appelle. Aucun des gestes du Christ qui ne soit miséricordieux et rédempteur, et aussi gratuit, comme l’est par définition même la miséricorde, car elle vient de l’amour et ne s’adresse qu’à lui.

          Ce qu’a d’unique ce geste d’humilité du Christ et le sacrifice de lui-même qu’il manifeste, c’est de nous offrir la vision d’être rachetés par avance, et dignes d’être honorés. Ce qu’à jamais il a d’exemplaire pour les disciples, c’est cette attitude de référence due à quelqu’un dont le nom véritable est écrit dans les cieux, de disponibilité totale à l’égard de la chair, de miséricorde : Heureux serez-vous, si vous le faites. Oui, toutes les béatitudes sont encloses dans la miséricorde.