Actes 7, 1-16

Témoignage d’Etienne

Père R. Poelman

Saint Etienne protomartyr, VS 109, 1963, p. 566s

 

          Etienne réussit, comme Jésus, à rallier contre lui ceux-là même qui étaient divisés entre eux. Vraiment, le procès de Jésus recommence avec les mêmes procédés, arrestation subite, faux témoignages, les mêmes accusations  concernant le Temple et la Loi, devant le même Sanhédrin. Oui, les mêmes personnes qui ont eu à se réunir pour juger le Christ doivent se réunir maintenant pour juger Etienne : l’évangile continue !

            Ceux qui siégeaient au Sanhédrin avaient les yeux sur Etienne, et son visage leur apparut semblable à celui d’un ange. Les sanhédrites assistent à la transfiguration du martyr. Son visage réverbère quelque chose de la gloire de Dieu. Ainsi Moïse, quand il descendait de la montagne où il avait passé quarante jours dans la présence de Dieu : Il ne savait pas que la peau de son visage rayonnait à la suite de son entretien avec Dieu.

            N’est-ce pas à la transfiguration de Jésus qu’Etienne participe maintenant d’une certaine manière ? Jésus, pendant sa prière sur la haute montagne de Galilée, avait eu un visage resplendissant comme le soleil, ses vêtements étaient devenus éblouissants comme la lumière.

            Mais la souricière s’est refermée sur le diacre. L’heure est venue pour lui du procès dont il connaît déjà l’issue, avant même qu’il commence, mais qui lui est offert comme l’ultime témoignage par la parole. Regardons bien la scène. C’est un accusé, un prisonnier qui se trouve devant une cour qui a tout pouvoir pour le condamner. C’est de sa vie qu’il est question ; il le sait. Il sait aussi que l’irréductible opposition à Jésus, qui s’est traduite par la crucifixion, est maintenant tout entière concentrée sur lui. Pourtant quelle liberté de langage, quelle fierté, quelle étonnante conviction, que témoignage ! Son discours ? Il s’agit d’une présentation du mystère du Christ sur la toile de fond de l’Ancien Testament. Tout ce que nous appelons aujourd’hui l’histoire du salut se trouve ramassé en quelques versets par Etienne. La thèse est la suivante : divers envoyés de Dieu ont été mal accueillis, c’est pourtant par eux que le dessein de Dieu s’est accompli ; ainsi en est-il de Jésus, le Juste, que vous avez assassiné. Etienne interprète l’Ancien Testament en fonction de Jésus. Vos pères ont toujours résisté à l’Esprit-Saint, dit-il, vous aussi maintenant, vous qui avait trahi et assassiné le Juste.

            Le résultat ne se fait pas attendre : Etienne est lapidé. De son cœur monte un doux gémissement : Seigneur Jésus, reçois mon esprit.