Actes 6, 1-15

l’institution des diacres

Père Jean Cantinat

Les Actes des Apôtres, p. 58s

 

          Un lien logique existe entre l’épisode de l’institution des sept diacres hellénistes et le récit qui précède ; la trêve concédée aux apôtres par le Sanhédrin leur permet de reprendre leurs prédications. Celles-ci déterminent un accroissement de conversions. A leur tour, ces conversions  alourdissent à ce point les charges des Douze qu’ils n’arrivent plus à contrôler la répartition des biens aux pauvres. Pour ne pas négliger leurs fonctions essentielles, l’enseignement de la Parole divine et la formulation des prières dans les réunions liturgiques, les apôtres sont contraints de s’adjoindre des diacres qui les aideront dans l’administration matérielle.

          Ce qui provoque la décision des apôtres, ce sont les plaintes des Juifs hellénistes : les veuves de leur groupe ne recevaient pas, des distributeurs hébreux, la part qui leur revenait. Voilà qui est révélateur. Il y avait donc peut-être déjà des diacres qui eux étaient hébreux, c’est-à-dire nés en Palestine et de langue araméenne. Il y avait aussi dans l’Eglise primitive un groupe de chrétiens qui n’étaient pas hébreux, mais hellénistes, c’est-à-dire nés hors de Palestine et de langue grecque. On sait que, depuis des siècles, le nombre de Juifs dispersés à l’étranger n’avait cessé de croître et qu’un certain nombre d’entre eux venaient se fixer à Jérusalem.

          Les sept diacres choisis pour calmer les murmures sont vraisemblablement tous hellénistes, car leurs noms sont grecs et nous les verrons bientôt essayer de convertir d’autres Juifs hellénistes. Etienne et Philippe, les deux seuls diacres du groupe des élus, qui nous soient connus autrement que par leur nom, vont à ce point tenir les premiers rôles dans les événements suivants et deviendront tellement l’occasion d’un nouveau tournant pris par l’Eglise, qu’on est naturellement porté à voir dans le récit de leur institution une façon de les introduire, une sorte de préface à leur activité.