Actes 5, 17-42

« nous sommes temoins de ce que nous disons »

Saint Jean Chrysostome

Homélie XIII sur les Actes des Apôtres, OC XIV, p. 571s

 

          Nous sommes témoins de ce que nous disons. Quelle sainte audace dans ces paroles de Pierre prononcées devant le Sanhédrin réuni par le Grand Prêtre. Puis afin de donner à ses paroles plus d’autorité, Pierre, au nom des apôtres, ajoute : Nous et l’Esprit-Saint que Dieu donne à ceux qui lui obéissent. Il ne se contente pas de son propre témoignage et de celui des apôtres, il invoque encore celui de l’Esprit-Saint ! Il ne dit pas : Qui nous a été donné, mais bien : Que Dieu donne à ceux qui lui obéissent. Que de modestie dans cette réponse ! Pierre et les apôtres marquent bien la grandeur de ce don, tandis qu’ils déclarent aux Juifs qu’ils peuvent, eux aussi, le recevoir ! Ainsi les Juifs sont instruits par des paroles et par des exemples, de telle sorte que leur condamnation sera complètement méritée. Si Dieu permettait que les apôtres fussent traduits en jugement, c’était pour laisser à leurs ennemis la faculté de s’éclairer, s’ils l’eussent voulu, et pour donner aux apôtres un nouveau sujet de confiance. Or, en entendant ces paroles, les Juifs étaient transportés de rage et songeaient à les mettre à mort. Voyez quel excès de méchanceté les habite ! Après ce qu’ils avaient entendu, les membres du Sanhédrin auraient dû être effrayés, et voilà qu’ils frémissent de rage et qu’ils délibèrent, mais en vain, de mettre à mort les apôtres.

          Pierre et les apôtres devant la fureur sanguinaire des Juifs répondent sans aucune arrogance : ils enseignent tout simplement, tout calmement. Qui donc, après avoir ébranlé tous les cœurs dans la cité, eût résisté au désir de porter haut la parole ? Eux, ils agissent d’une autre façon : ils ne s’irritent pas ; plein de commisération et de pitié pour leurs ennemis, ils délibèrent, ils cherchent le moyen d’arracher les Juifs à leurs égarements. Ils n’aiment pas la dispute : ils répètent de nouveau les mêmes choses, parlant encore de la croix et de la résurrection. Ils ne rapportent plus pourquoi le Christ a été crucifié, ni qu’il l’a été pour nous. Ils le laissent entrevoir, sans le dire de manière formelle, afin de toucher leurs ennemis, mais en vain.